musique

Jarvis Cocker - Jarvis

Because/Wagram

[5.0]

 

 

JC est revenu! C'est ce qu'on était tenté de crier sur tous les toits à l'annonce de la parution du premier véritable album solo de l'ex-leader de Pulp. Enfin avant de se rendre compte qu'on allait directement finir catalogué au rayon des illuminés mystiques qu'on croise le matin dans les couloirs des métros de n'importe quelle ville contemporaine.

 

N'empêche que l'annonce nous a fait rudement plaisir, à nous qui étions plus qu'inconsolables depuis le break intervenu au tournant du siècle avec la parution du chant du cygne Pulp-ien: we love life. Alors parce qu'on s'était promis une certaine intransigeance... on s'est mis en mémoire que Lou Reed n'est pas le Velvet, Joe Strummer pas les Clash, Franck Black pas les Pixies  et même Brian Wilson pas les Beach Boys. Oui mais les  Dirty pretty things ne sont-ils pas un peu les Libertines? Bref on a essayé de rester objectif quoi.

 

On a d'abord constaté seulement analytiquement, que Jarvis s'était entouré de Steve Mc Kay ex Pulp et Richard Hawley ex guitariste de scène pour le même groupe, quand il n'est pas en train de pondre de charmants albums solo. On a constaté que le son de l'album faisait fi du clavier enfantin tenu habituellement par Candida Doyle. On a repéré l'habituel génie du natif de Sheffield, quand il s'agit de sublimer le trivial de nos quotidiens et du temps qui passe, en des textes quasi indispensables à l'histoire de la pop (plume d'ailleurs mise récemment, et avec bonheur, au service de la fille Gainsbourg): disney time et running the world étant ici deux des meilleurs exemples de "la méthode littéraire Jarvis″.  On a noté que, quand il opère en solo, JC se promène entre la mélancolie et les arrangements ciselés du maître à penser Scott Walker (mention spéciale à la production de l'album qui sans en faire des tonnes parvient à rendre grâce à tous les protagonistes mélodiques); mais n'oublie pas ce qui fit sa renommée entre his n hers et different class: soit la pop ultra immédiate et mélodique rehaussée à coups de guitare électrique en overdrive. Des mélodies pop qui se transforment en rocks imparables dès qu'elles se donnent en spectacle sur scène -assertion constatée par votre serviteur lors d'un récent festival parisien où Jarvis s'est produit-. Et c'est entre rage contenue puis mélancolie presque bucolique que Cocker place son album solo, comme un condensé sans ride et mis au goût du jour de ce que fut et aurait pu être un Pulp endormi au tournant du siècle.

 

Là oú on a du mal à rester totalement objectif c'est sur l'effet que produit l'album sur l'auditeur un poil complaisant. D'abord une maousse banane de constater que la galette est réussie de bout en bout et ne souffre d'aucune baisse de régime. Ensuite le plaisir de constater que tout en faisant usage des fondements de sa méthode et de son succès, le bonhomme ne se laisse pas aller à une complaisance "for fans only" ni à la facilité nostalgique qui rend les "retours" souvent plus infâmes et pécuniers que réellement séduisant. JC s'est remis en question et ses nouveaux titres sont aussi chiadés qu'intéressants et inspirés. On espère qu'une nouvelle génération de fans sera autant conquise que votre serviteur l'est par la classe de ce nouvel album. Une classe qui semble toujours l'apanage du bonhomme croisé récemment sur scène. Une classe qui sied carrément bien à sa musique au diapason de cette élégance d'échalas quadra. En fait c'est ça: un album classe orchestré par le seul gentleman de la pop anglaise contemporaine.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. The Loss Adjuster (Excerpt 1)

02. Don'T Let Him Waste Your Time

03. Black Magic

04. Heavy Weather

05. I Will Kill Again

06. Baby'S Coming Back To Me

07. Fat Children

08. From Auschwitz To Ipswich

09. Disney Time

10. Tonite

11. Big Julie

12. The Loss Adjuster (Excerpt 2)

13. Quantum Theory

14. Running the world (hidden track)

 

Date de sortie: 13/11/2006

Plus+

Le site dédié par le label

Le Jarvspace

Du Jarvis en live sur Youtube