musique

The Double - Loose in the air

Matador/Beggars

[3.5]

 

 

Rompant avec une certaine tradition contemporaine qui voudrait voir tous les groupes en provenance de New York cracher en l’air, porter le blouson noir ou les Converse vocales puis fournir des chansons calibrées parfaitement pour le format radio… Voici que déboule The Double, un groupe en provenance de Brooklyn, qui tente de prendre la ligne électrique à contre-courant. Un groupe qui veut se rapprocher du monde de l’expérimentation, selon une trajectoire qui n’a rien à voir non avec les opus façons Clap your hands say yeah ou Arcade Fire, autres marottes du monde moderne quand on évoque le mot « recherche sonique».

 

Pas forcément similaire certes mais pourtant bien difficile à décrire ou à référencer sans l’avoir écouté… Et même d’ailleurs, après l’avoir passé au crible d’une écoute attentive. Pour parler de leurs influences musicales, le groupe cite d’ordinaire : Syd Barrett, Alice Coltrane, the Beatles, Horace Andy, the Zombies, Suicide, Brian Eno, Keith Hudson, et le Velvet Underground. Et si on comprend un peu pourquoi, il ne faut pas que l’auditeur s’attende à retrouver dans Loose in the air la moindre trace de mimétisme.

 

A cette palette de rapprochements plutôt bancals, on a envie d’ajouter Sonic Youth pour l’énergie brute et prolongée qui se dégage des titres les plus rageurs, les premiers albums de Pulp sur Fire records pour l’impression de claustrophobie, Pink Floyd emmené par Gilmour pour les compositions qui utilisent la voix écorchée comme composante sonore ou pour cette recherche de la déstructure du format pop traditionnel. Même s’ils ne sonnent là non plus ni comme les uns, ni comme les autres. Tout est en fait question de parallélisme d’intention, d’atmosphère, et de savoir faire. Petit cousins involontaires de leurs savants fous de compatriotes: TV on the Radio.

 

Comme autant de mariages contre nature David Greenhill (basse et chant), Jacob Morris (clavier), Jeff McLeod  (batterie et électronique) Donald Beaman (guitare et chant)  joignent psychédélisme et gothique, punk rock et rock progressif, guitare et synthétiseur, la pop sombre et immédiate et le rock réflexif. Une démarche expérimentale intelligente mais qui, au son, apparaît assez évidente. Une réflexion musicale qui s’amuserait à déconstruire un titre rock en y bidouillant une atmosphère et des silences comme Robert Smith en aurait rêvé à l’époque de pornography. Une recherche qui est capable d’utiliser la détente inspirée par des titres « en fleurs », apanage habituel des déroulés psyché, pour repeindre en noir ou en gris foncé leurs petites aventures sur phonogramme. Un album à éviter bien  les jours de blues, ce dernier ayant un étonnant effet catalyseur.  Un album intéressant, à la démarche assurée. Un troisième opus de ce groupe, qui ne se livre pas à la première écoute et qui ne fédèrera forcément pas l’unanimité des auditeurs. Mais ne sont-ce pas là justement les caractéristiques d’un bon album ?

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Up All Night

02. Idiocy

03. Icy

04. On Your Way

05. Ripe Fruit

06. Hot Air

07. What Sound It Makes the Thunder

08. In the Fog

09. Dance

10. Busty Beasty

 

Durée : 42'09 

Date de sortie : février 2006

 

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