musique

Clogs - Lullaby for Sue   

Brassland/chronowax – 2003

 

 

 

 

    Il est des découvertes dont on se remet difficilement. Il est des albums pour lesquels on se demande comment on a pu passer à côté au moment de leur sortie. C’est le cas pour Thom’s night out premier et somptueux album des New-Yorkais de Clogs sorti en 2001. Aujourd’hui ils reviennent avec Lullaby for Sue un second lp, tout aussi beau et tout aussi inspiré. Et cette fois-ci pas question de passer à côté !

 

    Composé de 4 musiciens jouant guitare, basson, percussions, violon, viole, Clogs propose une musique à peu près aussi définissable que celle de Supersilent bien que n’ayant à priori rien à voir, si ce n’est éventuellement qu’un sens de la liberté musicale à peu près comparable.

Toutefois si l’on veut donner quelques limites à leur musique, on pourra dire, sans trop la dévoiler, qu’elle se situe quelque part à la frontière du jazz, de la musique de chambre, et de la musique orientale ; le tout pouvant servir allégrement de bande son à un film.

 

    Nourri de diverses influences, aux antipodes les unes des autres, les musiciens de Clogs, au départ issus de formations classiques, mettent en commun leur culture dans un vaste melting-pot sonore duquel vont ressortir deux albums aussi essentiels l’un que l’autre. Deux albums forcément inclassables et totalement affranchis des carcans habituels de la musique pop.

 

    Plus abstrait mais aussi plus rugueux que son prédécesseur, Lullaby for Sue n’en est pas mois un album ample pourvu d’une grande profondeur de champ qui le rend très captivant, que ce soit  à la première écoute ou à la dixième.

Pour entrer plus précisément au cœur de ce nouvel album, on peut dire que chaque morceau développe une ambiance, une atmosphère particulière. Construit autour d’une orchestration plutôt minimaliste, voir ascétique, mais également nourri de boucles éparses, les onze morceaux que composent Lullaby for Sue peuvent s’entendre comme onze chapitres d’une histoire ou d’un récit musical tous construits avec des passages calmes et d’autres plus tendus, évoquant une construction presque scénaristique de l’album.

 

    Extrêmement cohérent et pourvu d’harmonies superbes, Lullaby for Sue semble tenir perpétuellement en équilibre sur un fil de soie aussi précieux que la musique qu’il soutient. Disque follement captivant qui procure immédiatement un ravissement, Lullaby for Sue restera sans doute comme le disque le plus dégagé, le plus libre que l’on ait écouté depuis bien longtemps. Faisant preuve d’une forme d’intelligence musicale évidente, il comblera les plus exigeants d’entre nous en matière de musiques populaires ouvertes sur le monde et capables de renouveler le genre à leur manière.

 

Benoît