musique

Milo - Milo

Naive/Naive 

[3.0]

 

 

     Pierre Rougean est multi-instrumentiste. Ingénieur en écologie, il envoie une démo 4 pistes, fin des années 90, qui lui ouvre les portes de Small, sous-structure de Sony. Sous l’égide de ce label, il publie un premier album, enregistré chez lui en 98. C’est le premier et très recommandable album de Statics. Ses compositions intimes, la voix et les arrangements simples soutenaient la comparaison avec la bonne pop française des années 80, Etienne Daho en tête, par le mimétisme vocal et une certaine direction des mélodies. Le second album, paru quelques années plus tard, cédait une plus large part à l’emphase et à une certaine idée du backing band prolixe. Il décevait un peu votre serviteur.  Aujourd’hui, par le biais d’une nouvelle maquette envoyée cette fois à Naïve, c’est avec la voix de Corinne Louis qu’ils interprètent à deux, le groupe Milo.

 

    A ne pas confondre avec un technoïde publié par V2, Milo avec un i n’est pas exempt des tics du second Statics.  Il y a toujours la capacité de Rougeaud à créer de pures mélodies, de celles qui s’insinuent durablement en tête et rythment la journée. Il y a aussi, et c’est un peu dommage d’ailleurs, le goût pour la (sur)charge instrumentale. Elle se faisait quasi orchestrale sur le second Statics, elle prend ici la forme d’une production (Jean-Louis Pierot) léchée mais alourdissante, qui ajoute « du calme aux chansons calmes, de la dynamique aux chansons rock et a affirmé la couleur musicale de l’album ». On se demandera si ce travail à la limite de la surenchère était vraiment bien nécessaire ? Enfin, Rougeaud démontre que même quand elles sont chantées par une autre que lui, ses paroles faites de crainte du factice, de regrets d’arriver à l’âge de raison, des actes manqués, de l’heure du bilan et plus généralement du temps qui passe inexorablement, nous touchent parce qu’elles nous parlent et nous renvoient parfois à nos propres réflexions.

 

    A l’addition, Milo n’est pourtant pas la forme définitive d’un brouillon qu’aurait été Statics. D’abord, et c’est une évidence, parce qu’en ayant choisi de placer la voix de Corinne Louis à l’avant plan, le compositeur change la donne fondamentale. Elle ajoute charme, touche personnelle, douceur, langueur, et une certaine théâtralité dans l’art de s’approprier l’univers de l’auteur des textes. Ensuite parce que, que ce soit par le biais du piano ou de la guitare produits dans l’optique de sonner plus pop/rock, Milo tape plus évidemment encore dans les années 80 que Statics, sans opportunisme aucun, mais légèrement du côté des duos façons Niagara ou de pop non primesautière façon Elli Medeiros. Du moins pour les morceaux les plus réussis. Pour les autres, on avait gardé sous le coude quelques références piochées sur nos vieux vinyles « hit parade 87/88/89 » mais par respect pour un album globalement efficace à défaut d’être une totale réussite, on s’est abstenu.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Recommencer à zéro

02. 24 images

03. Dans le cœur et dans le sang

04. Je n’ai plus Vingt ans

05. Mélanie

06. Il ne reste rien

07. Partir ailleurs

08. Je t’aime et je t’aimerai

09. Rentrer tard

10. Toi contre moi

11. Rappelle-moi

 

Durée : 39’ 20’

Date de sortie : mars 2005

 

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