musique

One Mile North - minor shadows    
Ba Da Bing! - 2003

 

 

    Il est des albums pour lesquels il suffit de quelques notes, de quelques mesures pour se rendre compte de toute la beauté qu’ils renferment en eux. Compagnon sonore d’images ou de photos plus ou moins abstraites, ce Minor shadows se révèle au fil des écoutes comme un grand disque de musique simple et contemplative, pas si éloignée que ça du silence. A ranger juste à côté du meilleur album de Labradford.

 

    Composé du duo Jon Hills (guitare) et Mark Bajuk (claviers divers), One mile North crée une musique d’ambiance profonde et minimale, à l’économie et sans une note de trop. Car ici chaque note de guitare ou de piano est comptée, et chaque note a son importance car elle participe à l’édifice d’une musique entière et gracieuse.

Déjà sur le superbe et précédent album Glass wars, toute la beauté de la musique de ce groupe éclatait au grand jour, laissant apparaître des champs immenses et une lumière crépusculaires digne des plus beaux tableaux de peinture réalistes d'Edward Hopper. 

 

    Avec ce second album, Minor shadows, paru sur le label Ba Da Bing! (label où l’on retrouve également Greg weeks) One mile North offre une nouvelle fois la démonstration de son talent avec sept plages immenses et désertes sur lesquelles on prend le temps de s’arrêter longuement et de profiter du calme ambiant qui y règne.

 

    Sur la première plage In 1983 he loved to fly on entend un homme siffler entre ses dents accompagné par des chants d’oiseaux, puis viennent se poser des guitares très labradfordiennes et quelques notes de piano discrètes, créant immédiatement une ambiance, une lumière qui va s’obscurcir un peu plus dans un paysage imaginaire et tout au long des 9 minutes que dure le morceau. Superbe.

Life indoors marque ensuite un retour à la lumière avec toujours une prédominance de la sérénité et de l’intimité.

 

    La suite du disque nous offre encore quelques balades hypnotiques entre guitares légères, nappes de synthés et samples de voix que l’on imagine extraits de films de cinéma. Car il faut bien l’avouer, ce disque comporte en lui un aspect cinématographique évident.  Minor shadows pourrait être associé à des images tirées, par exemple, de films de Tarkowski, Kieslowski ou du très mystérieux Sharunas Bartas, tant certaines ambiances développées dans cet album rappellent celles que l’on peut retrouver dans le cinéma de ces réalisateurs.

 

    Avec une ligne d’horizon sans fin, Minor shadows se révèle être un disque joué en cinémascope et qui semble avoir été composé par des musiciens coupés du temps mais totalement en phase avec leur univers, installés dans des contrées désertiques et perdues. 

Disque de la méditation, en relation directe avec l’esprit, ce nouvel album de One mile North restera, sans doute, en cette année 2003, comme le plus apaisé et le plus beau de tous, aux côtés de ceux de Yellow6 ou des Rivulets, groupes tous aussi doués pour évoquer la mélancolie tranquille et les sentiments les plus intimes.

 

Benoît

http://www.1milenorth.com