musique

Young heart attack - Mouthful of love     

XL recordings/Beggars - 2004

 

 

 

    Voilà un album dont on relira la chronique dans quelques mois en se demandant quelle mouche a bien pu nous piquer pour accrocher de la sorte, à ce qui ne ressemblera plus qu’à un groupe lambda de rock & roll aux mélodies efficaces, lorgnant un peu vers le « hard » aux emmanchures, et carrément vers le rétro aussi… Quand YHA sera perdu dans une vague de retour au rock FM et au hard rock façon milieu des années 80. Quand on sera passé à la réédition des albums d’Europe, au best of des Guns & Roses, au retour des Scorpions, à la re-formation d’Europe (c’est déjà fait, ah bon…), aux nièmes tournées du souvenir pour Van Halen, Alice Cooper, Motorhead et Status Quo. On ne comprendra vraiment plus pourquoi Young heart attack nous avait ainsi sauté aux oreilles, un beau jour de printemps 2004.

 

    En attendant que le commerce et le marketing soient venus pourrir nos plaisirs un peu nostalgiques, et mélanger les donnes des retours de mode ; on prend un pied, panard 46 à l’écoute de mouthful of love des Texans de YHA. Tout commence par la pochette au lettrage résolument rétro, avec son dessin de guitare style ESP (et  son fuselage triangulaire cher aux années de gloire de Metallica),  sa voiture aux angles tranchés façon De Lorean du Doc … Le bond dans le temps est immédiat, les référents suffisamment subtils pour ne pas apparaître ampoulés. L’écoute des premières notes du disque est placé sous le même signe que sa pochette. Ca démarre fort, vite, péchu, à l’ancienne. Le son des guitares lancées façon train express rappelle la période de gloire de ce qu’on appelait encore « rock dur » jusqu’à ce qu’Axl Rose n’y mêle les shorts moule-couilles, ou pour les plus jeunes, du Ash joué rageur sur de vieilles grattes à papa. On songe une larme à l’œil aux égratignures qu’on se faisait dans les pogos endiablés… Et on se rend compte que YHA réussit, au delà du souvenir, à instiller à sa musique passéiste: une once de mélodies pop à gimmick, un zeste de punk façon Buzzcocks  et une jeunesse surprenante. Mais ce n’est pas tout. Dans ce train d’enfer de 10 titres, dont l’un ou l’autre atterrira forcément sur les ondes des radios spécialisées, on repère pêle-mêle quelques références aux son ZZ top, aux amplis crades des Pixies, un chant masculin qu’on imagine inspiré d’AC/DC, et une seconde voix féminine qu’on croirait chipée aux B-52’s. Le tout joué avec une telle conviction et une telle ingénuité, qu’on envisage même pas de crier ni à la pâle copie ni à l’exercice de style vain… L’écoute est rafraîchissante et le bond dans le temps est plus réjouissant que les habituelles odeurs de viande froide. Les clichés et critères des musiques qu’ils pillent et refaçonnent sont ici si habilement utilisés ou détournés, que l’humour ne semble pas l’arme obligatoire (point ici de Scissor sisters ou Darkness’ style). Pour peu on renouerait sans honte le bandana au poignet.

 

    YHA passe maître du détournement de son et de standard, en un album second degré efficace. Quoi ? Ne me dites pas qu’en plus ils croient à ce point en leur truc au point de se prendre au sérieux ? Allez rendez-vous dans quelques mois pour relecture mea culpesque de cette chronique.

Dans l’attente… Eclatons-nous !!!

 

Denis