musique

The charlatans - Simpatico

Sanctuary/Pias

[3.5]

 

 

En fait, on avait déjà constaté qu’on vieillissait, il n’y a pas longtemps, en regardant la discographie de certains des groupes de nos jeunes années prendre de plus en plus de place sur les rayonnages de nos étagères. Le simpatico de The Charlatans nous en donne une preuve encore plus éclatante. Les « rock survivors » comme ils ont été surnommés un jour dans le NME, ont vieilli avec nous. Et il est désormais tout une génération de mélomanes pour qui le seul exemple de rock baggy mancunien encore en activité après la disparition de Happy Mondays et the Stone Roses, n’évoque plus rien, ou pas grand-chose. Ca commence par la bio publiée par Pias France, qui classe simpatico huitième opus du groupe, alors que le fan aura rectifié de lui-même : some friendly, between 10th and eleven, up to our hips, The charlatans, Tellin’ Stories, us and us only, wonderland, up at the lake, et enfin simpatico, qui est bien le neuvième album studio du groupe. Ca continue ensuite par certaines conversations entendues, ou certaines chroniques lues dans nos magazines rock préférés, qui signalent que le clavier est un arrangement agréable de cette formation, alors qu’elle en est le pilier (et dieu sait qu’après la mort de Rob Collins, premier claviériste, ils ont bien failli jeter l’éponge). Ou de jeunes chroniqueurs signalant que depuis les Strokes et leurs suiveurs, l’arrivée d’un groupe comme les Charlatans n’est pas désagréable, mais dispensable… Assertion amusante, dans la mesure ou la chronologie de l’apparition dans la famille musicale est diamétralement inversée.

 

Maudits Charlatans, qui prouvent par ce petit condensé de réflexions, qu’ils sont perdus à jamais pour la célébrité. Et ce nouvel album me direz-vous ? Il vaut quoi ? Ben franchement, il ne démérite pas par rapport à l’époque The Charlatans (selon nous la période la plus riche du groupe). On y trouve comme d’habitude une belle paire de singles, qui devraient monter dans les charts outre-Manche, en les titres blackened blue eyes placé en ouverture de l’album et muddy ground un peu plus loin, qui sont à la fois de très bons singles et de très hauts fleurons de la « méthode » charlatans. Soit une britpop au chant arrogant, une basse qui impose l’ondulation du bassin, et un clavier qui ping pongue avec la guitare. Le tout pour obliger à danser sur place, bras pliés et poings à hauteur du cou. On y trouve aussi, sans doute la manière du groupe de céder à la vague d’un retour en grâce de Clash, plusieurs titres inspirés par le reggae : city of the dead, et the architect. Inspirés, et non pas copiés conformes (Hard Fi, radio 4, et les 10 autres, si vous me lisez…), c'est-à-dire mâtiné d’éléments qui font et ont fait le plaisir des fans des Charlatans: le funk, le groove baggy, Bob Dylan et la northern soul…

 

Etonnemment c’est cette singularité du groupe à rester lui-même, à avancer en cherchant à s’enrichir, à élargir son spectre musical en se nourrissant des modes et des expériences solo de ses protagonistes (à noter le très « californien » opus solo du chanteur Tim Burgess) qui finalement le dessert. Une stabilité qui lui nuit à la face d’un monde en quête de perpétuelle sensation et de frisson de la nouveauté. Une volonté de rester profondément soi-même, qui donne ici les six premiers morceaux à simpatico, descendant de-crescendo de très haute tenue, à la bonne tenue… et qui sont, il faut bien l’avouer, contrebalancés par les quatre morceaux, finaux, un peu trop romantiques, un peu trop mollassons, un peu trop sans âme, pour envoyer cette nouvelle galette au sommet de notre top 3 des meilleurs albums du groupe, toujours relégué derrière l’album éponyme, some friendly et up to your hips. Pas dans le trio de tête des albums de The Charlatans assurément, mais quand même loin au dessus de pas mal de formations récupératrices mot à mot du son des late ‘80’s. Gageons qu’un jour, quand les primes années 90’ s seront revenues à la mode, que plusieurs groupes clones se revendiqueront avec ferveur des lascars de Manchester. On attendant on reste avec notre bande de happy few, à profiter de notre dose de petit plaisir mancunien.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Blackened Blue Eyes

02. NYC (There's No Need to Stop)

03. For Your Entertainment

04. Dead Mans Eye     

05. Muddy Ground

06. City of the Dead

07. Road to Paradise

08. When the Lights Go out in London

09. The Architect

10. Glory Glory

11. Sunset & Vine

 

Durée18/04/2006

Date de sortie : 44’ 35

 

Plus+

www.thecharlatans.net

La chronique de l’album solo de Tim Burgess