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Mercury rev - The secret Migration  1/2

V2 Music - 2005

 

 

 

    Au fil des ans, il est des formations dont on attend le prochain opus avec impatience et curiosité, voire avidité. Mercury rev fait assurément partie de la dernière catégorie. C’est que depuis le fabuleux Deserter’s song de 1998, -à notre sens summum inégalé d’une rock pop mélodique, mélodieux, symphonique et étonnement proche du vécu de son auditeur- ; on attend du groupe qu’il se réinvente et parvienne à sublimer son himalaya musical vers encore plus de sensations, encore plus de romantisme et autant de capacité pop.

 

    Mais que nous réserve donc ce secret migration ? Bizarrement, une première écoute nous a laissé largement sur notre faim. Les craintes du All is dream de 2001 seraient-elles fondées ? Il aura fallu un inopiné voyage auquel Secret migration a servi de bande son sublime, pour revoir notre jugement et reconnaître dans ce disque les joyaux qui s’y trouvent. Récit d’une chronique qui hésite entre deux extrêmes.

 

    La déception d’abord. Ecouter secret migration c’est plonger dans une machine sonique bien huilée. Dave Fridmann aux manettes de la production. On ne change pas une équipe qui gagne, même si les tics deviennent un peu répétitifs à la longue. L’homme aime la réverb’ et ça s’entend. La voix affleure le flux des instruments, comme échappée d’une caverne où résonne la batterie nette et précise. Les cordes pleuvent : n’en  jetez plus ! Seul Divine Comedy a réussi un jour plus de surenchère avec la boursouflure que l’on sait. Les bleeps émaillent la voie lactée. La voix de Jonathan Donahue oscille toujours entre réussite émotionnelle et chute irrémédiable.  Bref rien de bien nouveau sous le soleil de Mercure. Ah si… le groupe semble avoir (re-)découvert la portée du piano à queue, qui ajoute une atmosphère ouatée et presque absinthique à l’ensemble. On cherchera désespérément la nouveauté, l’efficacité mélodique et la tendance à rester bouche bée… Elle ne sera qu’effleurée sur Moving On. Ailleurs, on repère un single pop excellent via Vermillion, deux trois titres accrocheurs dont Across yer ocean et In the wilderness : minimum syndical et final en murmure.

 

    Puis la réécoute. Au casque, avec les deux petites oreillettes qui partent du Discman au moment de monter dans le transport collectif qui traverse la France.

Se rappeler, soudain, au détour de l’inexplicable romantisme qui se dégage une fois encore de la galette (romantisme relayé par les lénifiantes images du très joli digipack façon ancienne édition de Goethe : foncez dessus), se rendre compte que Mercury rev a toujours accompagné les moments de douce ou mélancolique rêverie, et que ce sera encore une fois le cas. Faire un étonnant rapprochement entre les paroles et la destination du mini trip solitaire, entre la voix de Jonathan et les gros nuages qui semblent vouloir nous suivre jusqu’au bout du voyage. Résonner, le cœur gros, au son du piano qui a décidé de souffrir. Taper du pied sur Secret for a song. Dodeliner de la tête sur le chœur de Moving on… Percuter sur une batterie qui ondule au même rythme que le moteur qui nous emmène au loin, s’endormir enfin sur arise, flying, puis être réveillé étonné mais conquis au dernières notes de down poured the heavens. Se réveiller au son des consignes de sécurité de l’hôtesse, tout con d’avoir écrit une demi mauvaise chronique… Conquis… Et jurant, mais un peu tard, qu’on sera plus intransigeant la prochaine fois.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :    
01. Secret for a Song
02. Across Yer Ocean
03. Diamonds
04. Black Forest (Lorelei)
05. Vermillion
06. In the Wilderness
07. In a Funny Way
08. My Love
09. Moving On
10. The Climbing Rose
11. Arise
12. First-Time Mother's Joy (Flying)
13. Down Poured the Heavens

 

Durée: 44’ 35

Date de sorti le: 24 janvier 2005

 

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