musique

Washington Dead Cats  - Treat me bad    1/2

Devil Deluxe Music/Pias - 2003

 

 
 

 

    Recevoir un Cd sur la pochette duquel un “bogosse” en chemise hawaïenne arbore son regard ravageur, fait déjà peur. Alors, quand il y est accompagné d’un Joker Vaudou mi blanc mi-noir, d’un guitariste évadé de la Famille Addams, d’une paire de momies saxo-trompettistes et d’une section rythmique toute droite sortie du clip Thriller ; on se prépare au pire.

 

    Et on a bien tort. Si l’habit fait le moine, il faut croire que tous les moines ne se ressemblent pas. WDC donne le ton dès les premiers gimmicks de guitare. Le temps est passé, depuis leurs premiers opus parus respectivement en 1986 et 1988. Eux n’ont pas changé. Ah si ! Ils ont vieilli. Mais ça se voit à peine sous le maquillage. Et ça s’oublie, tant leur énergie est communicative. Crazy when I hear that beat, à l’ouverture, nous ramène un groupe punk français, chantant essentiellement en anglais. Identique –pour ceux qui s’en rappellent encore- au groupe qu’ils avaient laissé à l’aube des années 90.

 

    Punk, vous avez dit Punk ? Encore un groupe du passé qui flaire le coup de fric en revenant sur le devant de la scène, alors qu’un coup de rétro médiatique sur les années 80 enflamme la presse ? De quel Blondie s’agit-il aujourd’hui ? Aucun. La musique des WDC est hautement plus louable. Elle ne joue en aucun cas sur le tableau de l’attente suscitée par la mise en veille du groupe. WDC livre 14 titres impeccables, originaux, faits d’un bon bois punk-rock. La production est somptueuse. Rien de ce lo-fi factice qui est devenu la marque de fabrique des groupes sortis récemment dans la catégorie punk old school « revival ». Exit donc les Libertines et autres Radio 4. Ici, les sons sonnent clair et la voix porte loin. Les cuivres sont limpides dans leur rôle rythmique indéniable.

 

    Autre différence, et de taille avec tous les néo-rétros… Le melon ! les WDC ne semblent pas chercher à prouver à la face du monde qu’ils sont le meilleur groupe en circulation. Et ça s’entend ! Adieu arrogance et air de tueur qui s’emmerde. Les compositions lorgnent autant du côté des Ramones ou des Clash que des Buzzcocks et du ska de Madness . Lord Fétide aka Beltran (par ailleurs dessinateur de Megalex) explore aussi son penchant pour un rockabilly de la meilleure trempe. Le plaisir de jouer prime. Les mélodies aux gimmicks immédiats, façon Pixies, accrochent l’oreille. C’est la bonne humeur teintée d’humour, incarnée en un groupe de rock. Même quand WDC proposent une composition moins conséquente, telle le diable en personne ; on se plait à y repérer au delà de ses défauts, la version « à crête » de la Salsa du Démon du Splendide. De mémoire de chroniqueur ; en francophonie, on avait plus entendu ça depuis les Négresses Vertes ou, si on fait abstraction du côté latino depuis Mano Negra, et leur premier album : putas fever. Est-ce vraiment étrange que ce plaisir nous soit offert par un « vieux groupe », qui n’a même pas cherché à se « renouveler » ?

 

    Les WDC nous envoient le tirage digital d’un polaroïd pris à la fin des années 80. Le temps semble suspendu, la musique fleure bon l’ancien temps. Les souvenirs affluent et le corps est pris d’un irrésistible envie de battre du pied. Et c’est la première fois que l’expression « Rien de neuf sous le soleil» prend un sens positif sous ma plume.

 

Denis