roman

Kazuo Ishiguro - Auprès de moi toujours

Éditions Les deux terres - 448p, 22€

[4.0]

 

 

Je ne reviens pas sur l'histoire du roman qui, comme beaucoup le souligne, doit garder son aura de mystère pour préserver son intérêt. La quatrième de couverture est elle-même judicieusement rédigée : ni peu, ni trop. Le bon dosage ! Donc, de manière plus poussée, j'ai du mal à m'avouer complètement séduite par ce nouveau livre de Kazuo Ishiguro. J'adore cet auteur, je suis admirative de son style et surtout de sa maîtrise à mener son sujet, à ne pas sortir des sentiers battus, à diriger son lecteur en le bichonnant vers une volonté de connaître et tourner la page suivante. C'est du grand art, un grand classicisme déjà prouvé dans ses précédents ouvrages, bref un orfèvre romanesque ! Et Auprès de moi toujours est du même acabit : rien à redire.

En fait, j'ai plus été embêtée par le fond du problème, le fond caché de cette histoire. Le pourquoi de ces trois personnages, Kathy, Ruth et Tommy, et leurs années passées dans un centre appelé Hailsham. Au fur et à mesure qu'on en découvre davantage, d'abord on se pose de plus en plus de questions, et lorsque la fin apporte toutes les réponses, j'étais décontenancée, un peu au bord du malaise. Le sujet dont traite Ishiguro ici est très délicat et sensible. Il me rappelle un roman de Philippe Claudel (J'abandonne). Donc, à la fois perplexe et émue, j'ai basculé d'un instant à l'autre dans de troublants sentiments. Je ne reproche rien au roman en lui-même, il est excellent. La traduction est assez bonne, à part le titre (Never let me go est ici traduit en Auprès de moi toujours) qui laisse penser à une bluette faussement sentimentale. La portée du roman bouleversera tout lecteur, du moins moi je ne suis pas restée insensible.

Je conseillerai à tout ceux qui aimeraient découvrir ce roman de ne pas chercher à trop connaître son contenu avant de l'ouvrir et donc d'aborder la lecture de manière très neutre. Puis, de mettre en peu de côté les critiques dithyrambiques pêchées dans la presse, le présentant audacieusement comme "un chef d'œuvre". L'attente au tournant risque de faire mal ! A lire !

 

Stéphanie Verlingue

 

Date de parution : mars 2006

 

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