roman

Philippe Ségur - Autoportrait à l'ouvre-boîte   

Buchet-Chastel - 2003

 

   

 

    Deuxième roman de Philippe Ségur après le cocasse et pourtant déjà désespéré « Métaphysique du chien » qui avait remporté plusieurs prix. Le récit présente le portrait de Marc Flanders, qui a décidé d’en finir avec la vie le jour de ses vingt ans, afin d’être maître de sa courte destinée jusque dans le moment ultime de la mort. Porté tout à la fois par des doutes, une superstition lancinante et une mégalomanie le faisant rêver à une « œuvre ultime » qu’il laisserait derrière lui, le personnage de ce jeune adulte encore adolescent est attachant et crispant. Et il va, tout le long d’une nuit qu’il souhaite furieusement la dernière, écrire et réfléchir, réfléchir et écrire, une arme à feu à portée de main, doudou sécurisant qu’il caresse de temps en temps. C’est bien connu, les échappatoires ont souvent une fonction rassurante.

 

    Par ses questionnements parfois douloureux, par sa violence dans son auto-apitoiement, Marc arrive à nous interpeller, au travers notamment des questions lancinantes qu’il se pose, sur la part du déterminisme et celle du libre-arbitre, quand le poids de l’histoire personnelle semble engluée dans celle d’une histoire familiale. Libre arbitre ou déterminisme quand l’ombre d’un proche disparu semble influer jusque sur son propre destin? Marc Flanders cherche à tout abandonner en laissant une oeuvre, une trace. Afin de s’affranchir d’une malédiction qui n’existe peut-être que dans l'imaginaire du personnage principal?

    Lettre-testament parfois pesante par son trop plein de dramatisation propre à l'âge du narrateur où on souhaiterait que tout soit « flamboyant », Le livre est pourtant aussi teinté, par instants, d’auto-dérision et de moments suspendus par la grâce… Lettre de révolte pourtant déjà résignée… Et si le destin lui aussi avait décidé de brouiller les cartes et de lui jouer un dernier pied de nez ?

     Livre parfois maladroit, au style proche de la confession : style qui lassera par moment n’étant pas Camus qui veut ; il opère pourtant un charme singulier et étrange. On le lit d’ailleurs d’une traite, pressés, à l’aube du jour fatidique, d’en connaître le dénouement…

 

Cathie