roman

Paul Auster - Brooklyn Follies

Éditions Actes Sud - 280p, 22€

[3.5]

 

 

J'ai bien aimé, mais pas "follement". Mais il y a une qualité indéniable dans ce livre : c'est que Paul Auster est un conteur né ! Lorsqu'on ouvre la première page, on n'en décroche plus jusqu'à la fin. On suit les mots de l'auteur, mis dans la peau de son personnage Nathan Glass, homme de soixante ans, qui n'a plus que quelques temps à vivre. Alors qu'il pensait occuper ses journées mollement ou à l'écriture de son livre "sur la folie humaine", et de manière recluse et solitaire, Nathan va retrouver son neveu, Tom Wood, ancien universitaire à la carrière prometteuse, dans une bouquinerie à Brooklyn. Tous deux vont être inséparables, incluant la compagnie de Harry Brightman, le patron de Tom, qui traîne un passé sulfureux. Et de fil en aiguille, les aventures de Nathan, de Tom et de Harry vont grossir et prendre une ampleur picaresque.

L'histoire de Brooklyn Follies est faite de rencontres, d'amitiés et de rêves utopistes. Ces trois hommes vont fantasmer sur un Hôtel Existence, dans la verte campagne de New York, alors que ces trois-là sont d'indécrottables citadins. Les femmes font aussi pâles figures, des espèces d'icônes frelatées, qui tiennent compagnie quelques pages, vont et viennent en guise de décorum. Mais ce qui m'a fort chiffonnée, en fin de compte, c'est l'impression d'une fin hâtive, d'un arrangement à l'amiable, d'une combinaison parfaite pour que tout finisse bien dans le meilleur des mondes. Sans doute le spectre de septembre 2001 a influencé cette donne, histoire de penser que l'Amérique fait encore rêver, qui sait ? La dernière phrase du roman le suppose.

 

Bref, Brooklyn Follies est une assez bonne histoire, loin de Moon Palace ou de la Trilogie NY. Mais j'ai particulièrement aimé quand l'auteur inocule des tartines sur les histoires des grands écrivains, comme Edgar Allan Poe et Nathaniel Hawthorne. Pour le reste, il y a des hauts et des bas (comme le passage dans le Vermont ou les épisodes "Aurora"). Je pense que ce sentiment d'amertume ne sera que passager, et dans quelques temps j'aurai plus le souvenir d'avoir lu un roman foisonnant et terriblement "austérien". 

 

Séphanie Verlingue

 

Date de parution : 2 septembre 2005

 

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