roman

Carolyn G. Hart - Meurtre en librairie     

Editions Liana levi - 2004

 

 

 

    Crimes à la demande ferait un titre parfait pour un bon roman policier, ce qu’est d’ailleurs – et autant le dire tout de go – le dernier ouvrage de Carolyn G. Hart. Mais voilà : ce titre idéal n’est en fait que le nom de la librairie tenue par la jeune Annie Laurance, quelque part sur Broward’s Rock, une petite île au large de la Caroline du Sud. Librairie qu’Annie a reprise et rajeunie après le décès (accidentel ?) de son oncle Ambrose et qu’elle a largement dédiée à la littérature policière, notamment parce que cet endroit paradisiaque est aussi devenu le refuge préféré d’auteurs de policiers à succès. Annie aime tant ce genre de livres qu’elle réunit régulièrement chaque dimanche soir une belle brochette de ces auteurs pour des conférences informelles et des joutes oratoires. Charmants moments que l’assassinat brutal de l’un d’eux au cours d’une réunion fait soudain voler en éclats.

Très vite Annie se retrouve la suspecte numéro un aux yeux peu amènes et indulgents du chef de police locale. Elle se sent obligée de mener sa propre enquête pour prouver son innocence, secondée par Max, un ex-petit ami dilettante et fortuné qui réapparaît soudain.

 

    Nous sommes dans la plus pure tradition du roman à tiroirs et les ombres légendaires, parfois pesantes, des grands auteurs anglo-saxons au premier rang desquels Agatha Christie, planent tout au long du roman. Les comparaisons avec les procédés utilisés par les détectives de fiction sont légion, mais elles tiennent plus du clin d’œil amusé que de l’hommage figé.

L’auteur s’embarrasse peu de descriptions longues et tatillonnes. Elle se situe résolument dans l’action et une perpétuelle inventivité qui nous tiennent forcément en haleine, nous faisant dévorer les 300 pages en quelques heures. La recette maintes fois éprouvée qui consiste à clore chaque chapitre par un nouveau suspens et d’éventuelles pistes fonctionne toujours.

Il est vrai que Carolyn G. Hart ne manque pas d’idées ni de talent, ce qui explique aisément les récompenses reçues dans les pays anglophones. Hormis une intrigue brillamment ficelée, le petit plus de ce livre, qui conduit à une adhésion définitive, réside probablement dans la désacralisation du mythe des auteurs policiers à laquelle Carolyn G.Hart se livre avec un plaisir évident et jubilatoire. Nous avons droit à un catalogue presque exhaustif de toutes les turpitudes et bassesses du genre humain, même quand il est soi-disant cultivé et riche. C’est d’ailleurs peut-être pire et Meurtre en librairie est à cet égard un régal dans cette galerie incisive et sans complaisance de personnages fourbes et ambitieux.

 

    Bien loin du polar noir et urbain, ou encore sociologique, très en vogue dorénavant, ce roman prenant, idéal pour la période estivale, simple et efficace, reprend sans les altérer et avec talent les procédés de la littérature policière classique.

 

Patrick