roman

Nicolas Fargues - J’étais derrière toi

Éditions POL - 216p, 17€

[2.0]

 

 

Vous êtes en Italie, avec vos parents, loin de votre épouse que vous n’aimez peut-être plus (du moins vous doutez), loin de vos enfants, loin de votre travail, loin du train-train quotidien. Vous êtes dans un bar et une jeune fille vous laisse un petit carton avec ses coordonnées et un mystérieux « j’étais derrière toi » écrit en italien. Que faites-vous ? Vous oubliez, vous vous en amusez ? Vous rappelez ? Le narrateur, lui, rappelle…

 

C’est ainsi que démarre le dernier roman de Nicolas Fargues, auteur du remarqué « One Man Show », qui dévoile les tourments sentimentaux qui animent un jeune trentenaire, partagé entre une femme dominatrice avec qui il entretient une relation passionnelle mais chaotique, et une rencontre légère et impromptue avec une jeune danseuse italienne, signataire du fameux petit mot, et avec qui l’auteur se sent heureux et libre. Roman sur le choix des sentiments, sur l’infidélité et la passion, roman sur la rupture amoureuse et sur le désarroi et la confusion psychologique,  J’étais derrière toi  ressemble à beaucoup d’autres romans : le sujet a été maintes fois traité dans de nombreux romans, plus ou moins récents, même s’il est en nette recrudescence dans le paysage littéraire actuel.

 

C’est en cela que, de manière générale, ce livre déçoit fortement. On a tout le temps l’impression que Nicolas Fargues tente de s’extraire de son histoire finalement convenue - un homme hésite à quitter sa vie sentimentale installée pour l’inconnu(e) – et n’y arrive jamais. Pourtant, la manière de construire le récit est moderne, et plutôt efficace : il s’agit d’un long monologue sans aucune pause (comprendre : sans aucun paragraphe ni chapitre) de notre héros qui raconte sa vie amoureuse à un témoin (ami ? lecteur ?) en le prenant souvent à parti. L’auteur se perd dans la chronologie de son histoire, il tente de comprendre lui-même, au fur et à mesure de ses explications, comment il en est arrivé à la situation au moment du récit – que je ne dévoilerai pas, bien entendu…au premier quart du livre, une dizaine de pages assez étranges, glauques et fascinantes laissent penser à un tournant un peu malsain de ce livre sans aspérités, mais le récit retombe vite dans l’intrigue archi-classique, les atermoiements « petit-bourgeois » de cet homme tiraillé par la dualité de ses sentiments (comme tout le monde, finalement). Par contre, Fargues évoque avec talent une Italie certes un peu « cliché », mais de manière tellement réaliste et sincère que cela emporte l’adhésion. Quiconque ayant déjà effectué un voyage dans ce magnifique pays appréciera sa description par le jeune homme. Pour le reste, à moins d’être friand de romans sur l’adultère et la passion tourmentée, je vous propose de passer à d’autres lectures…

 

Jean-François Lahorgue

 

Date de parution : 02/03/2006