roman

Steve Hodel - L’affaire du Dahlia Noir

Points Policier - 732p, 8.90€

[4.0]

 

 

    L’affaire du Dahlia Noir, en 1947, fut le point d’orgue d’une série de meurtres de femmes non élucidés, tous situés à Los Angeles et ses alentours, des années 40 aux années 60. L’assassinat d’ Elizabeth Short, rebaptisée le Dahlia Noir par la presse, dont on retrouva le corps proprement coupé en deux sur un terrain vague, donna lieu à toutes les spéculations quant à son auteur. James Ellroy en fit un livre, librement adapté de ce fait divers particulièrement sadique qui marqua durablement les esprits du tout-Hollywood des années 50.

 

    Cinquante ans plus tard, à la mort de son père, un ex-inspecteur des Homicides de Los Angeles reconverti en détective privé, Steve Hodel, a la surprise de découvrir une photo d’Elizabeth Short dans un carnet paternel. Il en identifie le décor à l’arrière-plan, qui n’est autre que l’un des domiciles où il a vécu, enfant. Steve Hodel a peu connu son père, un homme énigmatique et tyrannique, réputé pour son esprit brillant, qui a exercé les métiers les plus divers avant de devenir un chirurgien réputé.

 

    La découverte de la photo d’Elizabeth Short dans les archives paternelles va être le déclic du début de l’ enquête minutieuse de Steve Hodel, sur les traces du passé trouble de ce père méconnu et de ses relations probables avec le Dahlia Noir. En tant qu’ex-inspecteur du L.A.P.D. (Los Angeles Police Department), Steve Hodel a eu accès au dossier de police du Dahlia Noir. A partir de ce dossier, étrangement incomplet, il part en chasse, se plongeant dans le Los Angeles corrompu des années 40. Homme de méthode, il alterne les chapitres consacré à la personnalité de la victime, les faits recueillis par la police et les révélations sur la vie étrange et morcelée de son père dont il parvient à reconstituer le sombre puzzle. Il met en lumière les protections et l’impunité dont celui-ci a bénéficié au sein même de la police, alors que sa culpabilité était prouvée.

 

    Steve Hodel est peut-être un mystificateur. Dans ce cas, il s’est donné les moyens de l’être, tant son récit est imparable de précision, à la manière d’une Patricia Cornwell dans son enquête sur Jack l’Eventreur. Sans jamais verser dans le sensationnalisme, son enquête reste pudique : il aurait été facile d’accumuler les détails sanglants, les photos macabres. L’auteur a préféré s’attacher à réhabiliter les victimes, salies par la presse, reconstituant leur humanité, tel un fils coupable des méfaits de son père, dont la personnalité maléfique éclate à chaque page. Imparable et dérangeant, un pavé de 732 pages qui remplira efficacement les longues soirées d’hiver.

 

Isabelle Meursault

 

Date de parution : 24 août 2005

 

> Réagir sur le forum Livres