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                            Je
                            ne vais pas vous mentir mais les 15 nouvelles d'Aimee
                            Bender sont étranges, tordues, elles flirtent avec
                            le bizarre, l'irrationnel, le fantastique et la
                            folie. Oui, c'est presque absurde (un individu va
                            acheter un petit homme dans une animalerie, ou un
                            couple à tête de citrouille a un enfant avec une
                            tête de fer à repasser, et une femme ouvre chaque
                            matin sa porte à 7 pommes de terre fidèles au
                            rendez-vous et qui grandissent avec des ongles, des
                            pieds, des paupières, etc...). 
                             
                            "Des créatures obstinées" sont décrites
                            comme baroques, sexy et inquiétants, des contes
                            cruels et fantaisistes. 
                            Ah je me doute que vous n'êtes guère convaincus
                            par un sujet un peu tiré par les cheveux. Alors
                            l'argument imparable est cette plume légère et
                            sibylline qui donne le sentiment de glisser et qu'on
                            lit sans peine, avec délectation, et trop vite
                            presque ! 
                            Bien entendu, on sort très souvent des chemins de
                            l'ordinaire, mais cela fait partie de l'humour,
                            c'est le signe d'un acte de courage même et cela
                            nous renvoie à un sentiment humiliant sur notre
                            société insolite. L'extravagance d'Aimee Bender
                            parvient aussi à être "raisonnable",
                            comme pour cette jeune femme invitée à une fête où
                            elle décide d'embrasser trois hommes : un brun, un
                            roux et un blond. Elle finira dans un placard sous
                            une pile de manteaux, un peu plus éperdue mais
                            chichement émouvante.
                             
                             
                            Non mais, je crois que c'est cette singularité qui
                            est fascinante, servie par une excellente plume,
                            traduite par Agnès Desarthe. Alors pour un dépaysement
                            assuré, plongez votre nez dans ce livre ! Cela
                            s'appellerait même de l'audace !
                             
                              
                            Stéphanie
                            Verlingue 
                              
                            Date de
                            parution : 8 mars 2007 
                              
                             
                             
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