roman

Guillaume Dustan - Dernier roman 

Flammarion – 2004

 

 

 

    Drôle de bouquin pour un drôle de bonhomme. Ce dernier roman qui n’en est pas un, mais plutôt une auto-fiction, un genre littéraire qui semble très en vogue aujourd’hui. Dans ce court texte (à peine 150 pages) Dustan raconte, sans raconter, comme dans une sorte de journal intime trash, des choses sans importance, sur un ton souvent provocateur mais avec une verve incroyable, dans un style plus proche du flow hip-hop que de la prose classique.

 

    Dernier roman est un livre déconcertant car difficile à apprivoiser. Déjà par le style. Dustan écrit sans fioriture ni ponctuation, tout d’un trait, d’un seul jet. Comme dans un rap, son texte nous parle (et encore c’est pas sûr) d’un tas de choses. La plupart du temps, il ne fait qu’effleurer son sujet plutôt que de le traiter véritablement. Un défaut qui donne d’ailleurs un côté nerveux et fourre-tout au livre.

En vrac, et sans réel lien entre les choses, il fait d'abord une sorte d’analyse sociologique sur le monde actuel qu’il appelle "l’état matrix", puis nous parle de ses connaissances mondaines, de ses musiques, celles qu’il aime et les autres, de ses écrivains mais ou ennemis. Il règle aussi ses comptes avec le PS (on ne saura jamais pourquoi), le tout sur fond de vie parisienne branchée.

 

    Difficile donc de se projeter dans l’univers de Dustan (de toute façon ce n’est pas le but), ni même de se raccrocher à quelque chose tant tout semble ici assez décousu, sans ligne directrice, sans début ni fin. 

Dernier roman est un livre hermétique, impalpable que l’on peut adorer ou détester pour tout un tas de raisons valables ou non. Il peut être vu comme une sorte de délire littéraire très libre et peut tout aussi laisser indifférent son lecteur, qui risque de se sentir au final un peu perdu dans ses étranges pages.

 

    Guillaume Dustan est un écrivain d’une quarantaine d’années aux prises de positions parfois sulfureuses. Énarque, homosexuel séropositif,  il a publié au cous de ces dernières années Dans ma chambre, Je sors ce soir et Plus fort que moi, romans dans lesquels il fait l’apologie de son homosexualité dissolue. Provocateur, il prône les relations sexuelles non protégées entre séropositifs consentants. Écrivain reconnu, il reçoit le prix de Flore en 1999 pour son roman Nicolas Page et devient éditeur d’une collection gay chez Balland. Il vit aujourd’hui dans le Nord de la France.

 

Benoît