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Inspiré par l’affaire Vivendi, Benoît
Duteurtre nous livre ici une critique décapante
et féroce de la nouvelle économie, ainsi que
d’une certaine gauche caviar, à travers notamment
le portrait (réussi) d’une pseudo-rebelle, femme
journaliste arriviste et conformiste, et pourtant
persuadée de « déranger » et de défendre
des valeurs de solidarité, alors que visiblement,
elle ne pense qu’à elle. Ses acolytes ne sont pas
en reste et on sourit souvent à la lecture de ce
livre, même si le propos nous paraît vite assez
vain. Mais c’est probablement voulu de la part de Duteurtre
qui ne se place aucunement ici comme un moraliste (ça
n’a jamais été d’ailleurs son style...) ; le
propos est avant tout caustique, lucide, distancié,
mais on tourne vite en rond, pour peu qu’on se
sente peu concerné par ce milieu, très parisien,
et/ou ces personnages, souvent très pathétiques,
qui ne parviennent même pas à nous émouvoir quand
leurs failles se font plus réelles...
Le style de Duteurtre est toujours aussi aisé,
coulant, son livre se lit d’une traite, et on joue
également volontiers au jeu de « qui a inspiré
qui »... ce qui semble d’ailleurs être la
dernière mode littéraire ces temps ci. Ceci étant,
on aimerait retrouver un peu de l’étrange et de
l’absurde qui faisait le charme de certains de ses
anciens romans (« Drôle de temps »
par exemple) ; il manque dans « La rebelle »
des aspérités, et même ses personnages, qui
pourtant sont bien croqués, sont un poil trop
caricaturaux pour nous toucher vraiment (ou c’est
moi qui suis trop naïve...).
Trop de facilités nuisent-ils à la qualité ?
Peut-être qu’à force d’écrire et de publier
dernièrement très (trop ?) souvent (une fois par
an), ce romancier, incontestablement doué, tourne
en rond. Il nous fait toujours autant sourire, mais
on aimerait trouver plus de profondeur dans ses
derniers livres qui s’oublient tout aussi
rapidement qu’ils se laissent lire. Mais c’est
peut-être, après tout, le but recherché...
Cathie
Maillot
En
librairie le 20 août 2004
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