roman

Max Mallmann - le syndrome de la chimère 

Joëlle Losfeld – 2004

 

 

 

    Pour lire et apprécier tout le sel de ce roman de Max Hallmann, il faudrait paradoxalement  lire la première, puis la dernière phrase avant de se plonger dans la galerie de portraits d’individus qui peuplent la ville de Porto Alegre, et, en particulier celui de l’auteur, atteint d’une étrangeté congénitale dont il s’explique dès le premier chapitre : un serpent est enroulé autour de son cœur, et selon que la bestiole serre ou desserre son étreinte,  notre héros est plus ou moins oppressé. D’autant que ce serpent ayant un sale caractère, il ne s’agit pas de le déranger avec des émotions qui risquent de demander au cœur de s’emballer…

 

    Las ! La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour Viktor, dit Vito et son ami Bruno. Les autres protagonistes de cette histoire apparaissent les uns après les autres, comme dans une pièce de théâtre, à ceci près, qu’ici, les apparitions se font dans le café-librairie baptisé fort judicieusement « La Chimère », et ouvert à la suite d’une reconversion professionnelle dans deux de leurs domaines de prédilection : les livres et l’alcool.

L’idée étant que dans que dans cette ville, marquée altermondialiste, il devait bien se trouver une clientèle de gens aimant : 1) la bière, 2) les livres, 3) les rencontres avec leurs semblables : à savoir des personnes atteintes d’une particularité « indicible » .

Et, de fait, cette clientèle existe, et finit par faire de La Chimère, leur café et librairie habituels.

Vito, le «  je » de l’histoire tentant, au travers et du lieu et de son atmosphère, de courir après le pourquoi de ce qu’il appelle «  son étrange maladie ».

S’en suivra une enquête sur son père disparu vingt ans auparavant, à la suite d’un rocambolesque enlèvement, dont on se demande un peu ce qu’il vient faire  au milieu de cette faune sympathique.

L’enquête pour retrouver le père de Vito, s’enchaîne dans l’histoire très récente de La Chimère jusqu’à tant qu’on en vienne à souhaiter que ce père refasse vite surface et qu’on n’en parle plus.

Après bien des aventures rocambolesques : amours, cuites, et colère du crotale, Vito apprendra qui est son géniteur, où il est, qui est vraiment sa famille, son kidnappeur et bien d’autres choses encore sur un monde secret, parallèle, peu visible au simple être humain dont le grand ordonnateur serait le Destin, aidé ou devancé par le Hasard.

 

    Rien de très nouveau dans cette parabole sur le destin et le hasard, et, si ce n’est cette « recherche  du père » un peu trop longue à mon avis, quelle verve, quelle inventivité dans les portraits des personnages, mélanges de Rabelais et de Men in Black : pas regardables sans un frisson mais rendus sympathiques par leur propension à être des gens «  ben ordinaires » et prompts à régler leurs problèmes autour d’une bonne bouteille, surtout si celle-ci contient un petit ingrédient qui fait une énorme différence... Courez-y vite en demander un verre à liqueur à La Chimère !

 

Lise