roman

Pascal Morin - L'eau du bain     

Éditions du Rouergue - 128p, 9€ - 2004

 

 

 

    "De la famille, il ne reste que les hommes".

    C'est l'histoire d'un homme, donc, qui retourne en vacances dans son village natal, où vit toujours sa famille.

Cette année, dans ce Sud écrasé de chaleur, il pourra se baigner. La piscine est enfin terminée. Elle a été gagnée sur le potager du grand-père qui lui, ne s'est jamais baigné de sa vie. Le narrateur va alors pouvoir s'alanguir, alors que ces frères continuent leur labeur paysan.

Mais cette fameuse piscine devient vite le déclencheur d'une intrigue familiale, meurtrière et muette, où la violence se gère sans culpabilité aucune.

 

    Dès le début de la narration, il semblerait qu'il se soit passé des événements difficiles dans cette famille. Des pistes sont lâchées. Un mot, une évocation suffisent au lecteur pour comprendre que cette famille conserve ses secrets. Mais aucune piste ne sera donnée. Et c'est bien ce mystère qui tient en haleine la lecture. Il y avait des femmes, il n'y en a plus. Reste la "petite" qui rôde. Mais d'où vient-elle ? Qui est-elle ? On comprend à demi-mot qu'elle est la sœur illégitime. Elle tourne autour du narrateur et lâche des phrases qui sonnent comme un oracle.

Le premier meurtre est commis sans culpabilité, en silence, avec évidence presque. Il ouvrira le bal aux prochains qui resteront dans le même ton.

 

    Dans cet univers troublant se dressent des personnages calmes et attachants. La complicité muette de ces trois frères, leurs échanges qui se passent de mots sont autant d'ellipses qui donnent à ce roman un charme surprenant. Et a contrario certaines scènes sont décrites avec un soin précis et comme ciselées au scalpel.

Pascal Morin jongle avec son lecteur : si on se laisse entraîner, on pourrait douter d'une réalité évoquée et penser qu'il s'agit d'un rêve. Petit cou de fouet : c'est bien la réalité.

Pascal Morin est professeur de lettres et de cinéma. Les scènes de son premier roman semblent être découpées au même titre qu'un film est monté : majestueuse mise en scène qu'on aimerait voir en images.

L'eau du bain est d'une douce violence. Un oxymoron.

   

Delphine Montalant

 

Date de parution : septembre 2004

 

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