roman

Tatiana de Rosnay - Moka

Éditions plon - 249p, 18€

[4.0]

 

 

C'est un texte qui est tout à la fois : fort, honnête, sincère et angoissant. A la base, c'est l'histoire dramatique d'un jeune adolescent qui se fait renverser par une voiture, laquelle prend la fuite. Le garçon tombe dans le coma. De son côté, sa mère plonge en enfer. Elle, Justine Wright, la quarantaine, mariée à un Anglais, mère également d'une petite fille... Tout semblait couler de source chez cette famille ordinaire, et puis cet accident vient tout basculer.

J'ai beaucoup apprécié combien l'auteur avait su s'atteler aux traces de Justine qui livre un combat de maman des plus horribles. Avoir son enfant entre la vie et la mort, quoi de plus terrible ? Apprendre que le responsable a pris la poudre d'escampette, que l'enquête policière piétine, que les médecins émettent des avis mitigés sur l'état du jeune garçon... Comment résister, rester sur les rails de sa petite vie tranquille ? C'est impossible. Alors on comprend cette femme qui décide de mener sa propre enquête, de partir à la recherche du chauffard de la berline couleur "moka".

Entre folie douce, rage, désespoir, Justine en voit de toutes les couleurs. Mise à nu, négligée, effondrée, tournant le dos à son mari, son travail, sa famille, elle tient malgré tout le choc. Venger son fils devient son leitmotiv, entre les larmes, les vagues de souvenirs, l'incompréhension et l'impuissance, hélas.

J'ai particulièrement trouvé ce nouveau roman de Tatiana de Rosnay différent du reste, surtout dans son écriture : le style est plus syncopé, essoufflé, rageur. Aussi, le texte s'agrémente pleinement de références à la culture anglaise, ce qui me semble de plus en plus logique pour la "franglaise" qu'est l'auteur. Et je continue d'être bluffée par sa capacité à tenir haut la barre de l'angoisse, du "suspense psychologique". Dans Moka j'ai retrouvé un peu de la patte du "Voisin" (autre roman de l'auteur), surtout dans l'aspect d'aller jusqu'au bout, de braver l'interdit, de bafouer l'inconscience. Sauf que je regrette un peu la fin, moins percutante qu'à l'accoutumée. Moins ouverte, sans aucune ambivalence, ce qui pourtant est un point fort de l'auteur ! On achève quand même ce roman avec satisfaction : on crève la bulle, la tension est enfuie. 250 pages à perdre haleine, lues en apnée. C'est décidément un bon cru, ce Moka !

 

Stéphanie Verlingue

 

Date de parution : Janvier 2006

 

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