roman

Christophe Léon - Palavas la Blanche     

Éditions du Rouergue – 2003

 

 

  

    Palavas la Blanche. Derrière ce titre en forme de clin d’œil, derrière le nom de cette cité balnéaire (Palavas-les-Flots) se cache une sombre histoire, celle de la guerre l’Algérie, avec ses combattants, ses militaires, mais aussi ses civils, ceux qui ne demandent rien à personne mais qui se retrouvent embarqués de force à travers un conflit dans lequel ils semblent bien perdus. C’est de ces gens-là que parle Christophe Léon dans son nouveau roman avec une grande sensibilité et un ton à la fois grave et décalé qui en font récit simple et très touchant. 

 

    En 1962, Ray, une femme accompagnée de ses trois enfants (Francine, Edmond et Jackie), embarquent sur le Kairouan, un navire à destination de Collioure. Ils quittent définitivement leur pays et Alger pour partir s’installer à Palavas, dans une location de vacances, en attendant mieux.

Mais cette famille là n’est pas une famille ordinaire. Séparés de leur père (resté dans la clandestinité en Algérie), ces trois enfants fuient leurs racines et comme tant d’autres « pieds noirs », ils regagnent, à contre cœur un pays, la France, qu’ ils mettront beaucoup de temps à accepter comme le leur.

 

    Déracinés, victimes de racisme à leur arrivée en France, cette famille vit une drôle d’aventure, avec la folie qui semble roder à chaque page. Car de folie, il en est bien question ici. Tout d’abord avec Edmond, le plus âgé des deux garçons, handicapé mental et qui ponctue la plupart de ses phrases par un perpétuel Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Et puis il y a Francine, l’adolescente paumée qui se cherche entre l’enfance et l’âge adulte. Et enfin Frankie, le plus jeune, l’enfant qui ne parle plus, traumatisé depuis le mitraillage d’une terrasse de bar et qui vit, à travers son mutisme, une drôle de relation avec son père absent, dans une sorte de dialogue imaginaire. Et qu’il est touchant ce petit garçon qui porte en permanence avec une lui une petite caravelle dans laquelle il dissimule une photo de son père.

Et au milieu de ces mômes quelque peu perturbés et d’un étrange grand-père, se débat, tant bien que mal, Ray, la mère, entre démarches administratives et dépression.

 

    Dans un style dépouillé et avec une narration vive faisant la part belle à des personnages émouvants, Christophe Léon dresse un portrait touchant et plein de tendresse d’une famille égarée dans une société tourmentée.

Il nous rappelle, à travers ce récit, l’histoire de ces français d’Algérie rapatriés, et plus généralement, présente, sous un angle particulier et terriblement humain, le conflit et l’horreur que fut la Guerre d’Algérie. 

Après Tu t’appelles Amandine Khedda paru en 2002, Palavas la Blanche est son deuxième roman publié aux Éditions du Rouergue.

 

Benoît