roman

Alexis Brane - La quête japonaise

Éditions de L'officine  - 116p, 7.50€ - 2005

[2.5]

 

 

    Dans le cadre de ses études à l’Institut Supérieur de Gestion, Alexis Brane a effectué des séjours à l’étranger, dont quelques mois au Japon, pays qui l’ensorcelle totalement. A son retour, il décide d’exprimer à travers l’écriture d’un premier récit le choc ressenti, comme il le confie : « Cela faisait plus d’un an que j’étais revenu du Japon et je ressentais un besoin très fort au fond de moi-même. J’avais besoin d’écrire, de partager. C’était une nécessité absolue. »

La quête japonaise met en scène un jeune étudiant Alex, solitaire et mal dans sa peau, abandonné dans une école à la suite du suicide de son père et du départ précipité de sa mère pour le Japon. Ne supportant plus cette vie monotone, il part pour le Japon avec un message sibyllin laissé par sa mère. Passé le premier contact détonnant et déstabilisateur avec le pays, Alex se lie d’amitié avec un voisin et enquête sur le destin étrange de ses parents. Cette recherche l’amène dans les milieux interlopes nippons où règnent les Yakuza, détenteurs éventuels des clefs de son destin.

 

    Ce court récit tient à la fois du roman policier avec suspense et du cours de civilisation japonaise : de nombreuses indications sur les modes de vie surprenants nous sont communiquées. Alexis Brane dit être parti au Japon la tête pleine de clichés que sa confrontation avec la réalité lui a permis d’évaluer pour mieux les rejeter. On regrette que la sensation éprouvée là-bas ne se reflète guère dans le livre, qui multiplie les lieux communs dans une présentation touchant plus à l’exposé et à la rédaction qu’à une tentative littéraire.

La trame probablement inspirée par la propre expérience de l’auteur pourrait donner un roman captivant et dépaysant, pour peu qu’on épaississe davantage les personnages et qu’on s’éloigne du dépliant touristique. Il faudrait au moins pour Alex qu’il soit fouillé plus en profondeur et que ses fêlures et ses contradictions soient plus disséquées.

 

    On ne croit pas longtemps à la transformation radicale du garçon maladroit et timide en un pourfendeur de la vérité prêt à affronter tous les dangers, ici symbolisés par un mafieux que tout le pays redoute. Une histoire dont la simplicité extrême et l’aspect naïf et puéril serait comme une sorte de Tintin chez les Japonais.

Néanmoins, pas de doute possible quant aux bonnes intentions du jeune Brane que sa fascination sincère et fort compréhensible du Japon a paralysé et guère inspiré. Pour être auteur, il faut certes avoir quelque chose à raconter ou l’envie de le faire partager. On admet que c’est le cas. Mais il faut aussi avoir, et c’est la condition sine qua non, un début de style. Pour l’instant, Alexis Brane est encore trop proche et donc trop marqué par ses études récentes et on exprimera quelque indulgence pour des défauts de jeunesse.

Il lui reste à franchir le pas périlleux et décisif qui le fera passer du statut de bon élève ouvert et curieux, dont la fraîcheur et la spontanéité sont indéniables, à celui d’auteur personnel livrant autre chose que des impressions de voyage, aussi renversantes puissent-elles être.

 

Patrick Braganti

 

Date de parution : 7/2/2005

 

Editions de l’Officine

45 rue des Petites Ecuries

75010 Paris

Tel : 01 40 22 63 05

 

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