| 
                               
                            Paul
                            est un homme comme les autres. Paul tergiverse. Sa
                            vie est paisible, affreusement banale, tellement
                            anecdotique qu’il s’oblige à de longues considérations
                            sur les rares décisions qu’il lui faut prendre à
                            un moment ou à un autre. Paul doit-il rester à
                            Paris ou s’offrir un nouveau départ à
                            Bordeaux ? Paul doit-il se lier d’amitié
                            avec son colocataire de chambre d’hôtel ou
                            demeurer distant ? Paul doit-il avoir une
                            relation sentimentale avec la femme de ce
                            colocataire ou avec une veuve de fraîche date qui
                            lui est presque inconnue ? Paul doit-il choisir
                            la pelle rouge ou la pelle bleue pour désensabler
                            une résidence de vacances sur la côte atlantique ? 
                             
                            
                             
                            La
                            vie de Paul est faite de résignations et de choix,
                            d’importances souvent moindres, et qui jalonnent
                            son existence morose et le font constamment douter.
                            De fait, l’écriture d’Oster, toujours la
                            même dans son œuvre déjà conséquente,
                            s’attache à retranscrire les atermoiements de ses
                            personnages principaux : le style littéraire
                            de Sur la dune réside en un
                            fourmillements de détails, des paragraphes-blocs
                            qui prennent le temps de perdre le lecteur noyé
                            dans les anecdotes, d’incessantes interrogations
                            et de perpétuels retours en arrière. Il se passe
                            peu de choses dans ce roman, mais on en parle
                            beaucoup. 
                             
                            
                             
                            Si
                            les thèmes chers à Christian Oster
                            pouvaient auparavant séduire, charmer et finalement
                            nous emporter, ils finissent désormais par nous
                            agacer, ou juste nous ennuyer. Près de deux cent
                            pages sur une histoire d’une banalité presque
                            affligeante, c’en est trop. Et l’on se dit que
                            c’est une fausse bonne idée que possède la
                            nouvelle littérature française de parler avec
                            talent du rien, du vide, de pondre de manière pléthorique
                            des romans qui se ressemblent tous et qui
                            n’apportent rien pour autant, des
                            pseudo-autobiographies plombées, des exercices de
                            style parfois malins mais souvent nombrilistes, en
                            tout cas rarement passionnants. Ici, Oster a
                            beau chérir les gens hésitants, résignés, qui se
                            créent une existence à travers celle des autres,
                            il n’en demeure pas moins que, à la longue, ses
                            romans n’ont plus aucun intérêt, à ressasser
                            toujours les mêmes idées. 
                             
                            
                             
                            Sur
                            la dune ne tient pas les promesses de ses délicates
                            premières pages, le livre préfère en effet
                            s’alourdir en des paragraphes interminables sur
                            les états d’âme d’un mec lambda. Plutôt que
                            de gravir cette dune paresseuse et anecdotique, je
                            vous conseille de vous attaquer à des montagnes
                            littéraires autrement plus audacieuses… 
                              
                            Jean-François
                            Lahorgue 
                              
                            Date de
                            parution  : 8 mars 2007 
                              
                             
                             
                            |