roman

Estelle Lemaître - Swiftitudes    

Sabine Wespieser - 2003

 

 

    Soudain, un mot fit irruption dans sa tête : swiftitudes. Il s'imposa comme le titre de son histoire. Swift accompagné de "-itudes" qui la ramenait aux mots "étude", "certitude", attitude", "plénitude", tous quatre condensés en un seul et couronnés du nom de l'illustre écrivain. Ou Comment un écrivain perdu de vue depuis longtemps (en l’occurrence Swift), peut prendre la place d’un homme dans la tête d’une jeune fille en proie au chagrin d’amour. Telle est l’idée développée par l’écrivain Estelle Lemaître dans son premier roman intitulé swiftitudes sous-titré, en substance,  De la rapide consolation d'un chagrin d'amour.

 

    Hasard ou pas, après une rupture avec son petit ami, notre héroïne se mets  à rêver de l’écrivain Jonathan Swift au moment où son ex-petit ami vient d’écrire dans un journal un article faisant référence à l’auteur des voyages de Gulliver. A partir de ce moment-là, elle décide de se plonger corps et âme dans cette brèche qui s’ouvre à elle et va compenser son échec amoureux par une recherche de sens intense autour de Swift.

En se plongeant au cœur de l’œuvre de cet écrivain irlandais, elle va le faire entrer dans son quotidien et ne laisser quasiment plus de place que pour lui.

 

    En immergeant son héroïne dans la littérature de Swift (et d’autres) Estelle Lemaître met en place un récit emprunt de rêverie et de légèreté qui donne l’impression de la voir évoluer sur un petit nuage au-dessus du monde du réel dont elle semble s’éloigner un peu plus au fil des pages.

En jouant en permanence avec son personnage, le texte et les souvenirs, Swiftitudes vous fait tourner la tête et vous convie à partager les délires les plus aboutis et les divagations les plus folles imaginés par l’auteur.

 

    Swift, Swift et encore Swift... il n’y en a décidément plus que pour lui. Tout est Swift et tout le devient, même les mots, puisqu’elle en vient même à créer un néologisme d’après le nom de l’auteur : un condensé des mots étude, certitude, attitude et plénitude, précise t-elle.

 

    Poussant le thème de la séparation amoureuse dans une direction totalement inédite et singulière, Estelle Lemaître réussit un roman vif et printanier dans lequel elle évite le nombrilisme thérapeutique et lourdingue. Dans un style très écrit et très posé, un peu à l’ancienne et avec une syntaxe soignée, elle redonne ses lettres de noblesses aux belles phrases, à la belle littérature. Sans la moindre austérité, elle nous offre un roman charmant et plutôt exquis, et pour peu que vous soyez amateur des romans de Swift… alors là...

 

Benoît