roman

Morten Harry Olsen - Tiré au sort 1/2

Editions Gaïa - 2004

 

 

 

    Depuis quelques années aussi bien au cinéma que dans la littérature policière, sont apparus et se sont développés deux types de personnages : le tueur en série, autrement baptisé « serial killer » et le profiler, policier atypique et psychologue qui établit une communion virtuelle et anticipatoire pour débusquer le tueur.

 

    Le dernier ouvrage de Morten Harry Olsen, jeune auteur norvégien qui a par ailleurs étudié la criminologie, la philosophie et l’art dramatique, met en scène ces deux nouveaux caractères. D’une part, Tom Sundbye ancien flic retiré des affaires suite à un passage à tabac d’un incendiaire relâché s’est reconverti dans l’écriture de polars à succès. D’autre part, un assassin déterminé et macabre répète à l’identique ses actes perpétrés sur le même profil de victimes : de jeunes femmes, et dans des conditions semblables.

Tom est ainsi rappelé par son ancien supérieur pour enquêter sur cette histoire. On lui affecte en même temps l’intelligente et non-conventionnelle Vibecke, psychologue et touche-à-tout experte en informatique. L’étude approfondie des rituels développés par le tueur fait ressortir un lien évident avec des coutumes pratiquées dans l’Egypte ancienne, comme l’embaumement ou l’éviscération de certains organes. Très vite, c’est le mythe d’Isis et Osiris qui apparaît comme fil conducteur et raison d’agir du criminel. Dès lors, l’approche psychologique du tueur se précise, favorisée de manière inattendue par le concours d’une médium et d’un agent zélé.

La relation particulière qui peut se créer entre un serial killer et le profiler passe essentiellement par une osmose de pensées et la capacité du second à se mettre dans la peau du premier. L’aspect factuel n’est donc pas primordial ou plus précisément l’élucidation est envisageable grâce à l’extrapolation purement intellectualisée des faits et gestes du tueur. Le cérébral l’emporte de loin sur le physique, la réflexion sur l’action.

 

    Ce qui explique que le roman de Olsen soit avant tout un échange de paroles et de raisonnements dialectiques, essentiellement entre Tom et Vibecke. C’en est à la fois sa force et sa faiblesse, car il est effectivement difficile de matérialiser les méandres du cheminement intellectuel d’un individu. Autrement dit, l’ennui perce parfois à la lecture de ce roman, au dénouement faiblard, comme si l’auteur n’avait su comment le finir. Le soufflé bien préparé et entretenu retombe presque abruptement. Dommage parce que les personnages ont une réelle épaisseur. Loin d’être monolithiques, Tom et Vibecke révèlent leurs fêlures et leurs failles.

 

    Totalement inscrit dans la réalité norvégienne dont les habitudes de vie et quelques références culturelles l’imprègnent, Tiré au sort est également un roman fort bien documenté, le rendant tout à fait crédible. C’est sans doute le décalage entre la mise en place de l’histoire au suspens palpitant – le personnage du tueur aurait mérité un développement plus important – et une résolution un tantinet raplapla qui n’autorise pas une adhésion totale.

Comme une bonne idée pas totalement aboutie malgré une construction sans défauts apparents. Comme s’il manquait juste un petit supplément d’âme qui nous rendrait les personnages plus consistants et moins froids.

 

Patrick

 

Éditions Gaïa « Chiroulet »

40250 Larbey