roman

Pascal Dessaint - Une pieuvre dans la tête 

Rivage Noir - 2000

 

 

    Pascal Dessaint, jeune auteur policier né en 1964 dans le nord de la France, depuis parti à Toulouse, est un peu l’alter ego pour la ville rose de ce que Jean Claude Izzo a pu représenter pour Marseille, à savoir que dans les deux cas la ville où se situe l’action devient un personnage du roman. La comparaison n’ira sans doute pas au-delà, les intrigues de Dessaint sont plus denses, mieux construites et présentent moins ce côté social cœur à gauche des œuvres de Izzo, même s’il n’est pas question ici de dénier les talents de l’auteur phocéen.

 

A Toulouse, un individu sème la panique en tuant, dépeçant, éventrant et éparpillant aux quatre coins de la cité les membres de ses victimes, se réservant pour lui le seul cœur.

Le commissaire Viorel Desbarrats et son inspecteur Hugues Méliorat se dépêtrent au milieu de cette enquête, chacun perdu dans ses propres problèmes familiaux. Desbarrats sent son couple se déliter encombré d’un enfant qu’il n’aurait jamais souhaité avoir et Méliorat doit s’occuper de son jeune frère à peine sorti de l’adolescence, au passé déjà lourd, persuadé d’entretenir dans sa tête une pieuvre aux tentacules carnivores.

Le roman décrit une ambiance progressivement pesante, étouffante, dans laquelle les trois protagonistes vont être confrontés.

 

Une pieuvre dans la tête n’est pas le premier roman de Dessaint. Il avait déjà publié Les pis rennais (dans la collection du Poulpe), puis De quoi tenir 10 jours, Du bruit sous le silence et dernièrement On y va tout droit.

Cet auteur atypique, d’origine modeste, après des études d’histoire contemporaine consacrées à la Chine, se tourne vers le monde de l’écriture dès 1982 qu’il ne cessera jamais d’explorer. Ses premiers opus n’ayant pas trouvé d’éditeurs, il a été amené à exercer un tas de petits boulots, notamment comme veilleur de nuit. Toute cette vie mal réglée et chaotique va largement nourrir ses romans, et il avoue aisément, à l’instar d’un Raymond Chandler, ne pouvoir écrire qu’avec ses tripes. Il est clair que ses livres sentent souvent le vécu.

Fortement marqué par Charles Bukowski et Hubert Selby Jr, il parvient enfin à faire éditer un roman en 1992 et la parution en 1994 d’ Une pieuvre dans la tête marque son entrée aux éditions Rivages pour lesquelles il publie régulièrement, avec un succès croissant qui lui vaut d’obtenir en 1997 le prix Mystère Critique et deux années plus tard le grand prix de Littérature Policière.

 

Découvrez cet auteur prometteur encore peu connu et entrez dans ces univers sordides, glauques avec des personnages mal dans leur peau, en proie aussi bien aux problèmes quotidiens qu’aux questions existentielles. Un vrai bonheur garanti.

 

Patrick