roman

Théo Stern - Va où ta queue te mène

Éditions le dilettante- 217p, 16€

[0.5]

 

 

La rencontre entre un homme vieillissant, Simon, et la fille d’un vieil ami, en quête de renseignements sur un père qu’elle n’a pas connu, telle est la mince trame de ce récit, tout entier consacré à l’énumération fastidieuse des conquêtes féminines du personnage, reflet transparent de l’auteur. Celui-ci, qu’on nous présente comme un « membre éminent de la société civile », déjà auteur de plusieurs romans par ailleurs, a choisi cette fois-ci d’écrire sous pseudo. Air connu : un « auteur masqué » qui nous déballe sa vie sexuelle (même pas exaltante) sous le personnage d’un petit bourgeois vieille Rive Gauche, libertin égotiste et redondant. Un titre prometteur et une couverture accrocheuse : joli packaging, à la hauteur de la déception qu’entraîne l’ouverture du paquet.

 

On s’emmerde. Un inventaire soporifique de prénoms féminins, d’aventures banales que l’auteur tente pathétiquement de sublimer par l’évocation de lieux parisiens tels que Lipp ou le Flore, qui ne font plus rêver que lui, une imagerie et des références ringardes servies sur fond de clichés masculins éculés. Des notes de bas de page interminables et pénibles, une prose vaguement pompeuse, et cette ronronnante autosatisfaction qui suinte à chaque page : tous les ingrédients pour agacer très vite. Le personnage est bien le seul à bander, (il le répète avec tant d’insistance que c’en est touchant, pathétique malgré lui) dans ce rabâchage de souvenirs aussi excitants qu’un colin froid en mayonnaise.

 

Simon, le personnage/auteur, fait preuve d’autant de passion qu’un crustacé, pas d’états d’âme, pas d’humour, ou bien involontaire, comme sur la quatrième de couverture où l’auteur évoque ses « rares certitudes inébranlables nées de (sa) connaissance intime du réel » et son « désir gratuit mais impérieux de vouloir écrire un livre SAIN. » De la bonne vieille sexualité hétéro-basique, franchouillarde et adultérine dans des plumards de grands hôtels ou dans la garçonnière du personnage, si, si, une garçonnière, quel summum dans la débauche, on en reste tout pantois.

 

Ce livre sent l’arnaque marketing, l’étiquette ne correspond pas au contenu. Ce genre de racolage, pour Le Dilettante, c’est un peu décevant, ses lecteurs étaient habitués à mieux. 

 

Isabelle Meursault

 

Date de parution : 3 janvier 2006

 

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