BD

David B. - Le Jardin Armé et autres histoires

Futuropolis - 112p, 16,50€

[2.5]

 

 

Ne pas oublier que la plupart d’entre nous ont probablement découvert David B. avec son immense autobiographie dessinée de six volumes, l’Ascension du Haut-Mal. Dans un sobre blanc et noir et un trait de crayon si particulier, relevant presque de la peinture cubiste et expressionniste, l’ex-égérie de l’Association évoquait son enfance passée dans l’ombre d’un frère épileptique et de ses parents déboussolés, cherchant de multiples voies plus ou moins fumeuses pour se sortir de cette impasse. L’auteur y incluait également les souvenirs de son imaginaire de môme, ses visions oniriques et ses cauchemars fous et fantastiques, qui s’immortalisaient en de magnifiques tableaux, faisant de cette œuvre un des piliers de la bande dessinée française « nouvelle génération ».

 

C’est désormais dans ce créneau de « vision onirique » que se poursuit le travail de David B. Pour ce Jardin armé, il s’empare de l’Histoire, de mythologies et de sa pure imagination pour dessiner trois contes (le prophète voilé, le jardin armé et le tambour amoureux), trois récits puisés dans les légendes venues d’orient et dans les thématiques de textes moyenâgeux. On ne dévoilera pas ici les histoires développées dans ce livre, mais elles dégagent les thèmes chers liés à l’auteur : la vie et l’au-delà, la barbarie et la mort, les mythes et leur symbolique.

 

Pour asseoir ce symbolisme qui transpire dans chacun des trois contes, David B. privilégie un dessin fortement influencé par la peinture, la gravure et la sculpture, notamment dans l’art profane et médiéval. Les pages du Jardin Armé évoquent souvent des scènes peintes façon Tapisserie de Bayeux, ou des tableaux sur la guerre d’avant la Renaissance. Elles sont amples, chargées mais très claires à la fois, superbement composées et pensées. Mais pour quelle finalité ?  

 

On peut être ennuyé par l’exercice de style assez vain (comme moi…) ou bien impressionné et admiratif par ce travail d’orfèvre soutenu par une belle pagination épaisse et par une bichromie tirant sur le marron-roux. Mais c’est plutôt le fond que la forme qui déçoit dans cet ouvrage. Trois contes trop difficiles pour les adolescents et pas assez passionnants pour des adultes, trois histoires mythologiques plutôt insipides mais servies dans un magnifique écrin.

 

David B. réalise un bel objet d’art, une fabuleuse enluminure de 110 pages. Mais je lui préfère ses souvenirs d’enfance…

 

Jean-François Lahorgue

 

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