BD

Manu Larcenet - Le combat ordinaire t.2   

Dargaud - 2004

 

 

 

     Manu Larcenet  a de la mélancolie à revendre et c’est tant mieux. Fort du succès du premier volume du Combat ordinaire (prix du meilleur album à Angoulême en 2004), le re-voici de nouveau avec ses personnages fragiles et sincères  pour un album haut en couleurs, tout aussi réussi que le premier, dans lequel il semble aller encore plus au fond des choses. Au fond de ses propres obsessions qui apparaissent plus nettement encore dans  Les quantités négligeables.

 

    Le combat ordinaire de Manu Larcenet  c’est le combat du quotidien, des autres et de la vie en général. Et la vie de Marco, le personnage central de cette histoire, photographe névrosé exilé à la campagne et sujet à de graves crises d'angoisse, elle n’est pas simple. Il vit avec sa copine, Emilie, dans une petite baraque et doit exposer bientôt avec un photographe dont il admire beaucoup le travail. Angoissé par cette perspective, il décide de retourner photographier ses amis du chantier naval de l’atelier 22 que tout le monde semble avoir oublié… sauf lui. Par ailleurs il apprend que son père est atteint de la maladie d’alzheimer et qu’il refuse de se soigner.

 

    Entre tristesse (les questions existentielles de l’artiste et son oeuvre, le passage à la paternité, la mort, la question du vote politique…) et joies simples (fumer un pétard, jouer à la playstation, remémorer son enfance avec son frère, ) Manu Larcenet nous livre un récit fait de ruptures permanentes, d’aller et retour, avec ces petits détails qui font qu’une bd passe de bonne à excellente.

Au cœur de ce tome 2, la question de la mort et du rapport à l’art prédominent. Deux thèmes majeurs que  Manu Larcenet développe dans des cases dans lesquelles il croque des personnages ordinaires en portrait et sur lesquels il pose une réflexion, des impressions, de manière très simple et avec une infinie délicatesse.

 

    Oeuvre bouleversante, appelant bien des interrogations, Les quantités négligeables est une BD dans laquelle chacun peut y trouver un peu de soi tant les thèmes abordés sont variés. Sans jamais enfoncer le clou, l’auteur donne des pistes, appelle le débat et nous donne au final un récit très attachant qui suscitera,  à coup sûr chez le lecteur, de réelles émotions. Un tome 2 qui n’en finit pas de vous trotter dans la tête bien longtemps après sa lecture. 

 

Benoît