BD

Mardon - Corps à corps    1/2

Dupuis/coll. aire libre - 2004

 

 

 

    Excellente surprise que ce Corps à corps signé Mardon, un BD au ton mélancolique dans laquelle on assiste aux destins croisés de plusieurs personnes qui ont pour point commun une forme de solitude urbaine qu’ils essaient, en vain, de fuir en se mettant parfois dans des situations inconfortables. Mal de vivre et rapports humains ambigus sont au menu de cette chronique sociale moderne très réussie.

 

    Mardon n’est pas un inconnu pour qui s’intéresse de très près à la bande dessinée. Venu du dessin animé, il signe en 2000 un récit touchant et plein de tendresse sur son grand-père Vague à l’âme. En 2002, il travaille aux côtés de Charles Berbérian (scénario) pour un Bd Cycloman parue chez Cornélius. Là aussi le résultat est très bon et laisse présager un futur de qualité pour cet auteur dans lequel on place beaucoup d’espoir.

 

    Corps à corps c’est donc des histoires, des tranches de vie de personnages qui se croisent dans un quotidien morne et qui se trouvent tous confrontés à une forme de mal-être sociétal. Parmi les personnages principaux, on découvre Jean-Pierre Martin, un secrétaire médical timide qui ose difficilement aborder les femmes. Au contraire de son ami Cyril, un apprenti comédien, qui fait des doublures dans le dessin animé, et qui lui emballe très vite. Ce dernier rencontre Agnès, la fille de son patron dont il tombe amoureux.
Quant à la mère d'Agnès, obsédée par la perfection plastique, elle ne cesse de vouloir modifier son corps pour atténuer ses blessures morales.

 

    Sur cette trame très cinématographique, où les destins se croisent perpétuellement et où les événements de la vie sont interdépendants les uns des autres,  Mardon battît un scénario solide avec un gros travail sur les personnages, le tout servi par une narration vive et un graphisme très plaisant.  Les rapports complexes qu’entretiennent les individus entre eux sont ici décrits avec une grande justesse et avec beaucoup de sincérité. Un beau succès dans un genre où souvent peu d’auteurs arrivent à proposer quelque chose d’abouti. On ne boudera donc pas notre plaisir pour cette BD réjouissante dans laquelle les amateurs de Monsieur Jean devraient s’y retrouver sans difficulté.

 

Benoît