BD

Entretien avec Stéphane Godefroid  

 

 

 

Rencontre avec Stéphane Godefroid, "maître d'œuvre" et rédacteur en chef de la revue La papate douce...

 

Comment est née l’idée des éditions du potager moderne et de la revue "Patate douce" ? 
Patate douce est née de mon envie de partager une certaine idée de la bande dessinée. Je suis issu d'une culture "BD" très classique, et la découverte de certains albums comme Putoche ! (Tofépi), Le petit Christian (Blutch) ou même encore Peplum (du même Blutch) m'a amené vers quelque chose de différent, de plus intense, de plus proche de mes véritables aspirations de lecteur. C'est de cet élan qu'est née l'idée de Patate douce.
Le Potager Moderne, c'est seulement la structure qui publie Patate douce, parce qu'il en fallait une.

Comment travailles-tu avec les auteurs qui dessinent pour la revue ?
Les auteurs sont très libres de ce qu'ils publient dans la revue. J'intervient de temps en temps, mais rarement. Des gens comme Mathis sont suffisamment aguerris pour proposer du premier coup le récit qui fonctionne bien, qui n'a besoin d'aucune retouche. D'autres me donnent un peu plus de travail, mais jamais beaucoup. Certains auteurs me proposent des récits déja terminés, d'autres me soumettent une idée, un scénario, que je peux valider tel quel ou qui donnera matière à des rectifications. Il n'y a pas une méthode mais autant de méthodes que d'auteurs.

Proposes-tu des pistes, un cahier des charges ou les auteurs ont l’entière liberté de t’envoyer ce qu’ils veulent ?
Pour les premiers numéros j'étais bien obligé de proposer des pistes mais c'était peut-être un peu trop directif. Je me faisais une idée trop précise de là où je voulais aller. Je préfère, maintenant que la revue a commencé à se forger une personnalité, que les auteurs soient le plus libres possible, j'aime bien qu'ils me surprennent. A moi de faire attention à la cohérence de l'ensemble.

On trouve souvent les mêmes thèmes développés par les auteurs (l’enfance, ses peurs, ses souvenirs, l’introspection, l’intimité des auteurs…) comment expliques-tu cela ?
C'est venu de ces fameuses pistes que je donnais au début, et des livres cités plus haut qui m'avaient influencé. Ce sont des thèmes qui m'intéressent, mais à condition que cela ne tourne pas à l'exercice imposé. Quel personnage peut, mieux que le Henri de Jean-Marc Mathis, nous rappeler l'importance qu'a eu notre enfance sur les adultes que nous sommes devenus ? J'aime les récits dont les personnages ont une dimension psychologique importante, ils m'apprennent aussi des choses sur moi, ou en tout cas c'est l'illusion qu'ils me donnent. Cela dit, il n'y a pas que ce genre d'histoire dans Patate douce, et je suis satisfait de voir la revue élargir un peu ses horizons.

Y a t-il des auteurs que tu rêves de voir dans les pages de Patate douce et que tu n'as pas encore réussi à contacter ou à convaincre ?
Certains des gens que je rêvais de voir dans la revue y sont déjà mais oui, il y en a aussi que je n'ai pas réussi à convaincre. 
C'est pas grave, je réessaierai plus tard. Le but n'est pas non plus de renouveler complètement le sommaire d'un numéro à l'autre. J'ai bien envie que certains auteurs plantent leur tente chez nous au moins un moment, ce qui limite le nombre de nouveaux que l'on peut accueillir, la revue ayant un nombre de pages limité.

Les éditions du potager moderne c’est seulement la revue ou tu as d’autres projets ?
Des albums sont en projet. Le seul sur lequel je peux m'avancer est Pirouette, que Charles Dutertre prépare pour la rentrée de septembre 2004. D'autres suivront mais je n'ai pas envie de me presser, et comme en tout, ce n'est pas la quantité qui compte ...

Le potager, Patate douce… les légumes c’est si important pour toi ?
Patate douce a publié pas mal de récits ruraux et même agricoles, ce n'était pas prémédité mais avec un peu de recul, je trouve ça plutôt bien. Vive la campagne ! Je trouve d'ailleurs paradoxal d'être interviewé par un site qui prône l'utilisation des hydrocarbures ...

 

Propos recueillis par benoît

Mai 2004