BD

Vehlmann & Duchazeau - La nuit de l'inca t. 2  

Dargaud - 2004

 

 
 

    A la fin de la chronique du premier volume, on avait pris rendrez-vous pour un compte-rendu du second et dernier tome de cette série, en espérant bien que celui-ci réalise toutes les promesses qu'on avait pu entrevoir dans une première livraison très inspirée. On est dès lors très content de pouvoir affirmer que cette suite de La nuit de l'Inca ne déçoit nullement.

 

    Sans préambule, on attaque ce volume là où le précédent nous avait laissé : Maki, le manchot bouc émissaire guidé par les dieux, parvient enfin à Cuzco. Pour que le soleil dispense à nouveau ses rayons, il doit y rencontrer l'Inca et tenter d'empêcher un gigantesque sacrifice humain mis en place mené par des autorités toujours aussi obscurantistes.

 

    Si la progression de l'intrigue reste classique, et toujours marquée par un humour très mordant, c'est une nouvelle fois grâce à ses personnages que cette série sort de l'ordinaire. C'est ainsi que les auteurs parviennent, dans la plus belle et émouvante scène de la série, à donner chair au très beau personnage de l'Inca, chef suprême de 16 ans coincé entre son irrépressible envie de vivre et la mélancolie liée à la difficile acceptation d'un destin mort-né.

 

    Avec La nuit de l'Inca, Vehlmann et Duchazeau nous transportent dans un rêve coloré et pittoresque remarquablement caractérisé, mais c'est avant tout dans ce qui touche à l'universel qu'ils font mouche avec beaucoup de justesse. Sans mièvrerie, sans angélisme, La nuit de l'Inca nous transporte sur les terres où la peur universelle de mourir seul se heurte à la nécessité pour chaque homme de trouver sa juste place dans une société réconciliée avec les éléments naturels. In fine malgré la mort inéluctable, à travers les destins liés d'un empereur et d'un berger que tout semblait séparer, un prêtre obscurantiste aura tiré de l'aventure la sagesse qui lui manquait et un enfant l'exemple de ce qui, plus tard, fera de lui un homme.

Tristesse et courage, mélancolie et espoir.

 

Fred