BD

Tardi & Vautrin - Le cri du peuple  t. 2        1/2

Casterman - 2002

 

 

    

    Jacques Tardi, le maître de la bande dessinée française, celui dont on achète les albums les yeux fermes, publie, moins d’un an après le tome 1 du Cri du Peuple intitulé les canons du 18 mars, l’espoir assassiné, la suite des aventures de la Commune de Paris.

 

    Le cri du peuple est une trilogie dans laquelle Tardi dessine sur un scénario du romancier Jean Vautrin et raconte la formidable épopée de ce moment de l’histoire de France durant lequel bon nombre de Français on vu, pendant deux mois et demi, "un fantastique espoir de justice sociale".

 

    Sur une toile de fond historique, Tardi met en scène des personnages pittoresques aux noms chantant et assez évocateurs  d’une certaine époque : La Joncaille, Grondin, Tarpagnan, Caf'Conc, Fil-de-Fer ou encore Ziquet. Dans cette histoire, ou plutôt ces histoires, on retrouve les habituels ingrédients qui font le succès des BDs de Tardi : des embrouilles, des coups de surin par derrière, des mines patibulaires, des gueules cassées, des physiques malingres, bref toute une panoplie de situations comme seul Tardi sait les dessiner et les faire vivre dans ses cases, ici en noir et blanc.

 

    Mais au-delà de l’aspect folklorique, apparaît une dimension politique et historique qui rappelle si besoin était, les convictions idéologiques de Tardi qui, dans le cri du peuple met en scène l'utopie révolutionnaire. On y voit en effet les révoltés communards renverser un pouvoir conservateur, une assemblée à majorité monarchiste puis proposer une véritable république, proclamée le 28 mars 1871, dix jours après que les soldats se sont ralliés à la cause du peuple et que le gouvernement s'est enfui à Versailles.

 

    Enfin je ne saurais conclure sans parler des dialogues, plus truculents les uns que les autres, un véritable régal pour les yeux comme pour les oreilles. Vautrin a réussi à donné une touche historique supplémentaire en reprenant le pantruchois du petit peuple langue colorée de cette époque, pas si éloignée que ça de l’argot des années 50. Que du bonheur !

 

Benoît