BD

JP Gibrat - le vol du corbeau  tome 1 

coll. Aire Libre/Dupuis - 2002

 

 

    Le problème avec ce genre de bande dessinée, esthétiquement parfaite et très accrocheuse, qui, en plus, parait dans une collection prestigieuse (la très soignée aire libre chez Dupuis) c’est qu’on peut s’attendre à tout type de surprise : des bonnes et des moins bonnes. Et dans le cas du vol du corbeau on se situe plutôt dans la deuxième catégorie.

     Gibrat, vétéran de la bande dessinée, auteur notamment avec Berroyer de l’inoubliable Goudard et la parisienne, revient, une fois de plus, avec un album au graphisme parfait et totalement réaliste, très proche de la photo et d’une incroyable maîtrise stylistique. Comment ne pas être épaté par ces cases superbes dans lesquelles l’auteur retranscrit avec minutie le Paris de sous l’occupation. Mais voilà, un bon dessin ne fait pas forcément une bonne bande dessinée et dans le cas du vol du corbeau ça donne un résultat plutôt décevant.

    Dans le sursis, sorti l ‘an passé, Gibrat nous faisait déjà voyager dans le passé puisqu’il était déjà question de résistance, de cache, de fuite. Ici, on fait connaissance avec Jeanne, une jeune résistante communiste qui vient d’être arrêtée par la police française. Puis arrive François, un cambrioleur beau gosse qui se retrouve dans la même cellule que Jeanne. S’en suit une évasion rocambolesque qui les mènera sur une péniche dans laquelle Jeanne va trouver refuge auprès d’une famille plutôt accueillante. Des liens d’amitiés (et d’amour secret) vont se tisser petit à petit...

    Même si l’histoire est sympathique, on ne peut s’empêcher de trouver le scénario léger et les personnages très clichés, du moins assez caricaturaux. On pense alors à ces télé-films à gros budget (style Jean Moulin sur France 2) dans lesquels on s’attache plus aux bons mots et aux bons sentiments qu’à l’histoire proprement dite ; où l’image, la reconstitution, les décors ressortent plus que l’histoire en elle-même.

    Et ce ne sont pas les dialogues, très lisses et fatigants d’humour à deux balles, qui arrange nos affaires. Bref, on referme l’album déçu et partagé par une histoire plan-plan d’un côté, et des dessins irréprochables de l’autre. Malgré tout on garde confiance, en espérant que Gibrat, dans le tome 2, s’attachera plus à nous captiver par l’histoire que par les beaux yeux de l’héroïne, en laissant s’évaporer ce parfum d’eau de rose agaçant qui plane sur l’intrigue de cette BD.

Benoît