musique

Keren Ann - Keren Ann

EMI

[4.0]

 

 

On l’avoue. Ni la biographie de Luka Philipsen, ni la dispartition, ni not going anywhere pas plus que la récréation ou le précédent Nolita n’avaient jusque là réussi à nous rallier à la cause de la plus française des Bataves : Keren Ann Zeidel. Est-ce un jugement hâtif d’y avoir trouvé jusque là une forme de froideur mêlée de simplicité nue, qui ne nous engageaient pas vraiment à retourner voir souvent de quoi il retournait dans le petit monde de Keren. On ne sait pas vraiment. Toujours est-il qu’on ne comptait pas vraiment un disque de Keren Ann parmi notre panthéon personnel, malgré le buzz, la hype et la collaboration sur-médiatisée avec Benjamin Biolay.

 

Notre jugement est en passe de changer, cette année, avec la sortie du sobrement éponyme nouvel album. Miss Zeidel ouvre sa trentaine avec un disque entièrement en anglais, idiome auquel elle nous avait déjà précédemment préparé, certes. Dans ce disque ouaté, à l’instar de la photo pochette un peu « blurrée », que d’autres chroniqueurs ont glosé avant nous, l’album oscille entre sensations et sentiment, fuite et sédentarisation, blues et rock, rock et folk.

 

Au fil des 9 titres emballés en moins de quarante cinq minutes (selon le bréviaire du rock de l’époque du vinyle) elle emmène l’auditeur dans son petit monde un peu brisé, un peu vaporeux. Elle y conquiert votre serviteur à force de jeu de guitrare rock simple, efficace ; dans la grande tradition des artistes féminines contemporaines. Elle place son opus sur une ligne qui irait de l’éthérée Chan Marshall (qu’on agite un peu facilement en épouvantail, dès qu’on veut comparer une chanteuse folk à une autres, mea culpa) à la couillue PJ Harvey qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher de Lay your head down première vitrine d’un disque qui se vend au-delà des espérances de la maison de disques et de It ain't no crime seul mais efficace morceau lancé toute voile d’énergie dehors.

 

Keren Ann soigne au maximum les arrangements et appuis de son nouvel album : violoncelle, harmonica, flûte, violon semblent se frayer un chemin dans chacun des titres. Jamais impertinents, toujours usités avec pertinence. Ces arrangements, ainsi que le rythme global imprimé au disque, sont les artisans de la bonne surprise pour l’auditeur. Le disque tient de manière unitaire, les morceaux grandissent en beauté et en intensité. Comble de la réussite pour votre bougon chroniqueur, on a envie d’y revenir souvent, tant les singles sont addictifs, charmeurs et bien troussés. On y retrouve toute la beauté de ses précédentes créations, mais une belle dose de séduction et de rouerie en plus. Tout n’est pas dans les atours dont se pare ce nouvel essai, mais dans la manière où, ainsi parée et apprêtée, la chanteuse s’affirme tant sur le plan de l’écriture que sur celui de l’impact sur le public.

 

Une vraie belle réussite toute emprunte d’évidence, de tradition et d’efficacité. Et c’est du côté de  Lou Reed qu’on a envie d’aller chercher la référence esthétique. Il y a quelque chose de post velvetien dans l’évidence musicale de ce nouvel album. Et une belle dose de charme féminin tout contemporain.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. It's All A Lie 

02. Lay Your Head Down 

03. In Your Back  

04. The Harder Ships Of The World 

05. It Ain't No Crime 

06. Where No Endings End 

07. Between The Flatland And The Caspian Sea  

08. Liberty 

09. Caspia

 

Durée : 40 minutes

Date de sortie : 23/04/2007

 

Plus+

L’espace Myspace

Le site non officiel

Keren Ann sur Youtube

Keren Ann sur Dailymotion