musique

Electrelane - No shouts no calls

Too pure/Beggars/Naïve

[3.5]

 

 

On ne saura jamais vraiment si on a ressenti de la surprise mêlée de plaisir à l’écoute du nouvel album d’Electrelane, ou si on a ressenti un petit pincement de surprise en se rendant compte qu’elles ont décidé de modifier un peu la formule.

 

Un peu hein, n’allez pas croire que les filles en rock préférées de votre webzine musical s’en sont allées voir du côté du métal ou de la variétoche obispienne. Que nenni. Pourtant, elles nous avaient habitué à un discours musical tournant autour de My bloody valentine ou Jesus and Mary Chain, mettons. Une méthode musicale se jouant de la construction spiralique d’un titre en y injectant de plus en plus de riff, de plus en plus de rage, de plus en plus d’énergie. Un peu comme le faisaient les premiers Mogwai, quand ils inventaient le post rock, mais avec une structure de titre pop rock et avec un particularisme né de la vocalise féminine et des timbres liés.

 

La construction du nouvel album surprend. Exit la spirale. Electrelane se réinvente groupe pop/rock pur et simple. Mais pas pur et mal. Maîtrisant la structure de chaque titre, c’est une sensation d’apaisement qui domine, après les décharges découvertes sur les précédents albums. On songe à l’évolution de Sonic Youth entre Goo et dirty par exemple. La déferlante jouissive fait place à la réflexion maîtrisée. Chaque titre est étalonné, respectueux, pas serein, mais en tous cas balisé. Du coup, la voix acquiert une fonction de maître loyal guidant l’auditeur dans le spectacle de l’album. La guitare passe au second plan, pourtant toujours très présente, et on se prend à écouter partout ailleurs. Partout ailleurs et puis revenir sur la voix.

 

On ne s’était jamais rendu compte jusque là, de la similitude étonnante –peut-être née de l’accalmie- du rapprochement évident entre Electrelane et Stereolab. D’autant que les guitares laissent ici plus de place à l’écoute du clavier, et que du coup le mariage voix/orgue se consomme plus allègrement. Surprenant donc. Mais pas du tout un ratage.

Electrelane nous revient après l’orage. Après l’orgasme serait-on tenté de dire. Les éléments se remettent en place, on reconnaît la belle, mais le cerveau reprend ses droits, la discussion amoureuse se substitue aux ébats, les cheveux sont encore ébouriffés, mais on sait qu’il faudra bientôt passer à la salle de bain, revenir à une vie sociale des tracas du quotidien, qu’on assumera avec sa personnalité.

L’album le plus facile d’accès d’Electrelane. Peut-être celui qui leur ouvrira la voie des ondes, peut-être la galette viatique à plus de reconnaissance globale. Et nous d’hésiter entre la satisfaction du renouvellement et le regret d’une formule qu’on s’était pris à reconnaître, une routine qu’on s’était plu à aimer.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01 : the greater times

02. To the east

03. After the call

04. Tram 21

05. In Berlin

06. At sea

07. Between the wolf and the dog

08. Saturday

09. Five

10. Cut and run

11. The lighthouse

 

Durée : 47’ 40’’

Date de sortie : 30 avril 2007