roman

Nicolle Rosen - Quinze jours en juillet

Éditions JC Lattès - 251p, 16€

[4.0]

 

 

Claire est la nouvelle petite amie de Marc.
Marc était marié à Blanche, qu'il a quitté pour Irène, l'ancienne femme de Clément, son meilleur ami, qui est devenu le compagnon de Blanche depuis quinze ans.
Marc et Blanche ont eu une fille, Mélanie, aujourd'hui âgée de 20 ans. Elle vient pour la première fois passer quinze jours de vacances en juillet à la Bastide, le point d'ancrage de Blanche, Clément et Marc.
Claire doit faire sa place, elle est scrutée par cette bande d'universitaires aux hautes idées sur la culture et l'intelligence, un peu en froid avec les préceptes bourgeois, etc.
L'observation des uns et des autres est pointue, attentive, couve des ressentiments, des non-dits. De là à penser que ce clan joue une mascarade, on n'en est pas loin !

"Quinze jours en juillet" passe au peigne fin les rapports tendus et complexes d'hommes et de femmes qui reproduisent depuis des années un mimétisme déconcertant, exigeant et menteur. Au centre de ce noyau, il y a le vrai-faux couple de Blanche et Marc. Ils se sont aimés, quittés mais ont continué d'être ensemble, introduisant quelques neutrons pour consolider cette osmose. 
Cependant, le principe de Nicolle Rosen en donnant la parole aux trois femmes, Claire, Blanche et Mélanie, sur chaque chapitre et au fil des jours, permet de percer la façade des faux-semblants. Les sentiments sont mis à jour, annonçant un orage, on le souhaite. Il y a autour du personnage de Marc, un pastiche de roi soleil, des émulations émergentes, un avis de tempête qui peut tout bouleverser.


Il n'est honnêtement pas facile de s'attacher à cette bande, pourtant un fil invisible s'est embobiné autour du lecteur, le ligotant pour connaître la fin de l'histoire. On souhaite une issue radicale, on la veut de toutes nos forces. Pourtant il est difficile de détester les acteurs de cette mise en scène. On se surprend même à ressentir une amitié pour l'un ou l'autre. Les femmes ont un beau rôle, encore une fois, contre la fatuité masculine. Ce n'est pas un hasard si Nicolle Rosen a décidé de raconter une histoire par leurs regards. 
"Quinze jours en juillet" devient ainsi un roman fascinant, un peu dérangeant, qui convie à pester, rager, rouspéter. Et pourtant l'attachement invisible à cette clique rend cette lecture feutrée et embarrassante d'attachement.

 

Stéphanie Verlingue

 

Date de parution : 3 janvier 2007