roman

Christian Oster - Sur la dune

Éditions de Minuit - 192p, 13.80€

[1.0]

 

 

Paul est un homme comme les autres. Paul tergiverse. Sa vie est paisible, affreusement banale, tellement anecdotique qu’il s’oblige à de longues considérations sur les rares décisions qu’il lui faut prendre à un moment ou à un autre. Paul doit-il rester à Paris ou s’offrir un nouveau départ à Bordeaux ? Paul doit-il se lier d’amitié avec son colocataire de chambre d’hôtel ou demeurer distant ? Paul doit-il avoir une relation sentimentale avec la femme de ce colocataire ou avec une veuve de fraîche date qui lui est presque inconnue ? Paul doit-il choisir la pelle rouge ou la pelle bleue pour désensabler une résidence de vacances sur la côte atlantique ?

 

La vie de Paul est faite de résignations et de choix, d’importances souvent moindres, et qui jalonnent son existence morose et le font constamment douter. De fait, l’écriture d’Oster, toujours la même dans son œuvre déjà conséquente, s’attache à retranscrire les atermoiements de ses personnages principaux : le style littéraire de Sur la dune réside en un fourmillements de détails, des paragraphes-blocs qui prennent le temps de perdre le lecteur noyé dans les anecdotes, d’incessantes interrogations et de perpétuels retours en arrière. Il se passe peu de choses dans ce roman, mais on en parle beaucoup.

 

Si les thèmes chers à Christian Oster pouvaient auparavant séduire, charmer et finalement nous emporter, ils finissent désormais par nous agacer, ou juste nous ennuyer. Près de deux cent pages sur une histoire d’une banalité presque affligeante, c’en est trop. Et l’on se dit que c’est une fausse bonne idée que possède la nouvelle littérature française de parler avec talent du rien, du vide, de pondre de manière pléthorique des romans qui se ressemblent tous et qui n’apportent rien pour autant, des pseudo-autobiographies plombées, des exercices de style parfois malins mais souvent nombrilistes, en tout cas rarement passionnants. Ici, Oster a beau chérir les gens hésitants, résignés, qui se créent une existence à travers celle des autres, il n’en demeure pas moins que, à la longue, ses romans n’ont plus aucun intérêt, à ressasser toujours les mêmes idées.

 

Sur la dune ne tient pas les promesses de ses délicates premières pages, le livre préfère en effet s’alourdir en des paragraphes interminables sur les états d’âme d’un mec lambda. Plutôt que de gravir cette dune paresseuse et anecdotique, je vous conseille de vous attaquer à des montagnes littéraires autrement plus audacieuses…

 

Jean-François Lahorgue

 

Date de parution : 8 mars 2007