La petite fasciste, paru dans la nouvelle collection (La Manuf) de La Manufacture de livres, dédiée aux romans noirs, est un livre délicieux, plein d’ironie, de second degré et de mordant signé Jérôme Leroy.
Première incursion pour moi dans l’univers littéraire de Jérôme Leroy, avec La petite fasciste, un roman qui nous plonge dans une époque à peu près actuelle, avec des personnages qui ressemblent de très près, pour certains, à des figures politiques de notre cher pays.
Ici, la France est gouvernée par un homme que l’on surnomme « le dingue », il enchaîne les dissolutions de l’Assemblée Nationale. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants…
On suit, en parallèle, le parcours de deux personnages très opposés : il y a d’abord Patrick Bonneval, un député socialiste d’une soixantaine d’années, bien implanté dans le Nord de la France, et, surtout, possible prétendant au poste de Premier Ministre. Et puis, il y a Francesca, une fille d’une vingtaine d’années, baignée dans les idées d’extrême droite depuis son enfance, rattachée au « bloc identitaire ». Bien que très différents, ces deux personnages vont, par le miracle de la littérature, voir leur destin se croiser d’une manière assez singulière.
Mais pour tout savoir, il faudra lire ce roman haut en couleurs, écrit dans un style vif, plein d’esprit, de subtilité et d’humour, dans lequel s‘enchainent des situations plus ubuesques les unes que les autres, à l’image de la scène d’ouverture qui nous met immédiatement dans le vif du sujet, et où l’on découvre qu’un tueur à gages est en train de commettre une sacrée bévue pour s’être trompé de maison.
La petite fasciste est roman noir, un polar déjanté, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde et où l’on se marre sans cesse. Le style décalé, plein d’ironie, de second degré, et de mordant de Jérôme Leroy évoque une certaine idée du polar des années 90, celui des Jean-Bernard Pouy ou Jean-Jacques Reboux, des éditions Baleine et notamment de la série Le Pouple, où l’on parlait de sujets de société et de politique avec un humour assez corrosif.
Benoit RICHARD