« Billy Lavigne », d’Anthony Pastor : lourds secrets au cœur du Texas

Dans la grande tradition du polar américain, Anthony Pastor nous propose un western crépusculaire et dramatique, où Billy, fils d’une prostituée noyée, doit choisir entre loyauté et vengeance.

Billy Lavigne - Anthony Pastor
© 2025 Pastor / Casterman

Clarenton, Texas, 1893, Monsieur Ford et le Capitaine font enterrer Maggie, une prostituée, qui, vivant à l’écart du village, a été retrouvée noyée. Ils font rappeler Billy, son fils unique. Billy est le meilleur cow-boy du ranch Ford. Il a le sang chaud, va-t-il chercher à se venger ?

Billy Lavigne - Anthony Pastor Anthony Pastor ouvre l’album par un extrait d’All along the watchtower, la chanson de Bob Dylan :

« All along the watchtower, princes kept the view
While all the women came and went, barefoot servants, too
Outside in the distance a wildcat did growl
Two riders were approaching, the wind began to howl
 »

Faux colonel, Ford est l’homme le plus riche du comté. Le Capitaine, un ancien Texas ranger, est son éternel second. Ensemble, ils imposent leur loi sur le pays. Le premier est aussi rond et dur, que le second, un mange-mort, est long et sec. Il y a du Rige, le personnage créé par Régis Loisel, dans cet homme.

Bien que taiseux, les personnages principaux sont bien écrits. Leurs silences et leurs non-dits se font éloquents. Jadis, Ford et le capitaine ont eu une longue relation avec la belle Maggie. Proche des deux hommes, Billy ignore lequel des deux est son père. Ford l’a choisi comme héritier, mais Billy préfère s’identifier au Capitaine. La mort de Maggie, qui savait parfaitement nager, vient brouiller les cartes.

Si le scénario est d’un sombre classicisme, l’album se distingue avant tout pas sa mise en couleur. Associant l’encre, l’acrylique et l’aquarelle, Pastor privilégie les grandes cases qui mettent en valeur une nature encore sauvage. Sa palette est chaude et lumineuse. Au bleu, au vert et à l’ocre, il mêle un plus surprenant rose. La séquence orageuse est magnifique.

La magnifique couverture est un hommage à l’Officier de chasseurs à cheval de la Garde impériale, chargeant – le titre est un peu long – du très romantique Théodore Géricault (1813). Étrange charge d’ailleurs, l’officier semble plus intéressé par ce qui se passe derrière lui que par l’ennemi qui l’attend au loin. Billy, lui aussi, va revenir en arrière et tenter de relire son passé. Le jeune homme est tout sauf naïf, il n’ignore rien des crimes de ses pères putatifs. Lequel choisira-t-il de suivre ?

Une dernière fois, le narrateur l’alerte : « Pars, et ouvre les yeux Billy. »

Stéphane de Boysson

Billy Lavigne
Texte et dessin : Anthony Pastor
Éditeur : Casterman
146 pages – 22 €
Parution : 5 mars 2025

Billy Lavigne — Extrait :

Billy Lavigne - Anthony Pastor
© 2025 Pastor / Casterman

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.