Ambiance série télé pour cette enquête sicilienne au pied de l’Etna signée Cristina Cassar Scalia. Un deuxième épisode des enquêtes de Vanina, une agréable série toujours aussi dépaysante et charmante.

L’an passé, on avait beaucoup aimé découvrir cette auteure sicilienne : Cristina Cassar Scalia avec le premier épisode d’une série policière Sable noir et un personnage annoncé comme récurrent, la commissaire Giovanna Guarrasi dite Vanina pour les amis, de la brigade criminelle de Catane.
Un an après, les revoici toutes les deux, l’auteure et la commissaire, avec Falaise noire.
La traduction de l’italien est signée Nathalie Bouyssès.
Et pour info, ces polars ont été adaptés pour la télé italienne (Vanina – meurtres en Sicile).
« Manfredi Monterreale, pédiatre de profession, était palermitain mais vivait à Catane depuis sept ans.
Santé Tammaro, était journaliste. Catanais jusqu’au bout des ongles, avec un sérieux penchant pour l’investigation. L’investigation pure et dure.
Sante avait publié quelques articles intéressants sur son journal en ligne La Cronaca. »
Lors d’une partie de pêche nocturne au lamparo, tous deux vont être témoins d’une curieuse affaire : deux hommes jettent une lourde valise depuis la falaise …
Le lendemain, on apprend la disparition d’une jeune femme, avocate dans un cabinet à la réputation sulfureuse. Était-ce son cadavre dans la valise ?
Voilà du travail pour la commissaire Giovanna Guarrasi et son équipe de la brigade criminelle de Catane.
Pour les amis, c’est Vanina. Mais les médias la voient plutôt comme « une sorte de shérif à la sauce sicilienne », après ses années dans l’anti-mafia.
Installée depuis quelques années à Catane, Vanina traîne toujours « son passé. Palerme. Son père, le lieutenant Giovanni Guarrasi, abattu vingt-cinq ans plus tôt sous ses yeux par un commando de Cosa Nostra ».
On retrouve l’ambiance sympathique de ces séries télé où le lecteur tente de se faire tout petit dans les couloirs du commissariat, dans les coulisses de l’enquête, essayant de s’intégrer discrètement à l’équipe de la commissaire Vanina Guarrasi. Voilà plusieurs personnages bien dessinés (flics, juges, médecin légiste, amis et famille, …) qui confirment que l’on tient là une bonne série policière.
De sa prose tranquille, ironique et efficace, Cristina Cassar Scalia dissèque tout son petit monde catanais avec beaucoup d’acuité. C’est pas de la grande littérature noire (et ça n’y prétend pas), mais c’est dépaysant, intéressant et plein de charme.
Cristina Scalia parsème toujours son récit de spécialités culinaires et de références cinéma : la Sicile est une île où il fait bon vivre !
Voilà un roman policier au dosage bien équilibré qui devrait plaire au plus grand nombre : des personnages savoureux et attachants du petit monde sicilien, un récit soigné et dynamique, teinté d’humour et d’autodérision, …
Côté intrigue policière on est sur du solide, tout comme dans le premier épisode. L’ombre de la mafia est un peu moins présente mais l’auteure ne manque pas, une fois de plus, de bien ancrer son histoire dans le passé.
« […] — Non, commissaire ! Ne me dites pas que vous avez un doute !
Si Vanina Guarrasi avait un doute, ça voulait dire que, tôt ou tard, tout serait remis en question. Macchia, qui s’apprêtait à entrer, se figea sur le seuil.
— Comment ça, tu as un doute ? lança-t-il, inquiet. »
L’auteure sème également quelques indices en cours de route qui vont permettre au lecteur attentif de devancer les enquêteurs de quelques pages !
Le titre original de la VO est : La logica della lampara.
« […] — C’est comme la pêche au lamparo, décréta -t-il.
— La pêche au lamparo a sa propre logique. On allume la lampe, on ne fait pas de bruit, on bouge le moins possible et, pendant ce temps, on arme les filets. Tôt ou tard, même les poissons les mieux planqués finissent par remonter à la surface. Et à partir de là, ils ne peuvent plus s’échapper. »
Dans cet épisode, le lecteur découvrira une spécialité de la mafia : les pizzini, les petits bouts de papier avec des messages codés, utilisés par les mafieux mais avec un niveau de cryptage digne de la cour d’école. Cela pourrait être savoureux et amusant, s’il ne s’agissait pas du crime organisé.
Bruno Ménétrier