Pour son premier album, Amor Hardcore, Sad Madona embrume l’électro pop de nappes shoegaze, le chant y résonne comme une pierre tombale illuminée.
Sad Madona habite Paris et jouit d’une belle réputation scénique. Seul avec son laptop, Rémi Lauvergne aka Sad Madona ne quitte jamais sa casquette, loin des clichés goths. Lui qui n’a pas connu les 80’s, ne se prive pourtant pas d’en distiller les préceptes, tel un bâtard éthéré de Depeche Mode.
Amor Harcore présente quelques notables atouts. Une voix atrabile qui s’entoure d’une réverbération tombale et des compositions à l’immédiateté remarquable, passant de la cold-wave au shoegazing sans bouger.
Alors que quelques embruns synthétiques dissimulent la voix fantomatique, Blush résonne de couleurs sombres pour un voyage dans des catacombes où la lumière finit par transpercer. Des bribes de guitares, un chant dont a du mal à savoir s’il est en français ou en anglais, et voilà que Craving chouffe du côté d’un Sister Of Mercy plus électronique mais tout autant sépulcral. Et c’est un déluge de guitares noisy qui accueille les vivants sur l’excellent Chloroform. Avec ce fantasme que Sad Madona l’a enregistré dans un caveau, les hurlements en guise de refrain aiguisent le côté anxiogène et lorgnent vers le black metal.
Plus zen, avec quelques douces notes de pianos en introduction, Amor Hardcore se la joue plus en retenue. Sans ou Avec Toi annonce un périple dans les 80’s avec une basse « hookienne » qui donne le change aux guitares « kling klang », la mélancolie des chants ne trahit pas la brume d’effets.
Avec en guest le très cold Tout Debord qui amplifie le côté tragique de sa voix grave, à l’instar des cousins bicéphales de Drab Majesty. Alors que Witch Coast se paie des synthétiseurs flippants et se mue en eurodance malsaine.
Des paroles qui narrent des histoires relationnelles troubles, Crimes coche l’option électro martiale. Des synthés déviants provoquent des guitares shoegaze, Rebellion rampe dans un labyrinthe sonore à la recherche des spectres noirs.
Avec angoisse et bonheur, Sad Madona irradie Amor Hardcore pour mieux l’inscrire dans l’intemporalité.
Mathieu Marmillot