« Club Lonely », de Pelle Forshed : quand le succès se fait trop attendre !

En nous invitant à suivre les tourments intérieurs d’un auteur inquiet, Pelle Forshed nous livre une satire ironique du monde de la bande dessinée, explorant la solitude urbaine et la quête de reconnaissance.

Club Lonely - Pelle Forshed
© 2025 Forshed / L’Agrume

Persuadé d’avoir accouché de sa grande œuvre, Benedikt Bergström est un auteur suédois inquiet qui, s’enquérant de ses ventes, visite les libraires. Hélas, Mathias Ortiz, le critique de bande dessinée le plus influent du moment, n’en a que pour la jeune Boel Flood. La star montante est publiée dans la même maison d’édition, ce qui n’apaise pas les tourments de Benedikt. Que ne serait-il pas prêt à faire pour attirer l’attention de Mathias ? Il suffirait de quelques lignes pour que son génie soit enfin reconnu. Or, il dispose du baudrier d’escalade de sa femme et d’un déguisement de la Mort, le personnage du Septième sceau de d’Ingmar Bergman.

Club Lonely - Pelle Forshed À son habitude, le scénario de Pelle Forshed entremêle les fils narratifs, qui tous finiront par se croiser. Nous suivons Benedikt, sa femme sportive et patiente, leur fils, le critique passablement dépressif, sa voisine gentiment perchée et Boel, plus absconse encore.

Le dessin minimaliste – des têtes rondes sur des corps fluets, des aplats de couleurs et des décors esquissés, voire absents – peut dérouter. Discret, il se met au service des dialogues et s’avère diablement efficace. Car Pelle Forshed excelle dans la représentation de la solitude urbaine. Ses personnages parlent beaucoup, mais souvent seuls. Ils écrivent ou dessinent, mais s’écoutent peu, ou pas du tout.

Benedikt échafaude mille hypothèses, toutes plus folles les unes que les autres, pour tenter d’expliquer le silence persistant d’Ortiz. Ému par une telle iniquité, il s’autorise à se faire justice. Il aborde Mathias. Sous une fausse identité, il pénètre dans son intimité. La tension monte, il perd pied, sa raison vacille et notre sourire se fait inquiet, quand son instance devint malaisante. Au fait, peut-on rire de tout ? Oui, presque de tout.

Stéphane de Boysson

Club Lonely
Scénario et dessin : Pelle Forshed
Traduction : Aude Pasquier
Éditeur : L’Agrume
200 pages – 22 €
Parution : 20 mars 2025

Club Lonely — Extrait :

Club Lonely - Pelle Forshed
© 2025 Forshed / L’Agrume

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