Suzanne Valadon sans concession : la biographie d’une femme libre

Illustré avec talent par Coline Naujalis, le livre de Flore Mongin montre comment Suzanne Valadon, peintre audacieuse et singulière, a su imposer dans le Paris de la Belle Époque sa liberté d’artiste et de femme.

Coline Naujalis Flore Mong
© Anton Rybaltchenko / Matthew Belsham

Flore Mongin a découvert Suzanne Valadon à l’adolescence, à travers la biographie de Jeanne Champion. Sa fascination pour cette artiste autodidacte obstinée et surdouée ne s’est jamais démentie : elle a réalisé pour Arte un documentaire – à voir sur arte.tv – et a écrit ce roman graphique, coédité par Seghers et Arte, , en collaboration avec Coline Naujalis. Paru en même temps que se déroulait  l’exposition du Centre Pompidou, ce Suzanne Valadon sans concession contribue à faire redécouvrir une artiste peintre célébrée de son vivant puis tombée dans l’oubli à tel point que souvent, la seule réaction à son nom est : « Ah oui, la mère de Maurice Utrillo ! ».

sans concessionUn parcours singulier pour cette Marie-Clémentine, née de père inconnu, d’une mère blanchisseuse, et ayant elle-même eu un enfant à dix-huit ans. Une existence follement romanesque, riche en péripéties, en amours et en rencontres. D’abord acrobate de cirque, elle réalise ses premiers dessins au charbon sur les trottoirs de Montmartre. Après ses débuts comme modèle pour Toulouse-Lautrec – c’est à lui qu’elle doit son prénom « Suzanne » – Puvis de Chavannes et Renoir, elle n’a qu’un désir – devenir elle-même peintre – qu’elle nourrit en arpentant inlassablement les galeries du Louvre. Jamais le fait d’être une femme et une mère ne constituera une entrave à sa vocation. Au contraire : elle n’a de cesse d’échapper à ce qui est la condition de trop de femmes, « servir, nettoyer, briquer, plier l’échine face à un patron trop collant ».

Amoureuse tourmentée, elle sera une artiste audacieuse, affranchie des conventions de son temps, refusant de se laisser enfermer dans un mouvement artistique. Les corps parfaits ne l’intéressent pas : elle aime ceux qui sont marqués par les ans, ou déformés par les grossesses. “Ne m’amenez jamais une femme qui cherche l’aimable ou le joli, je la décevrai tout de suite”, disait-elle. Au Salon de 1920, elle verra un de ses tableaux censuré, un nu masculin de face. Imagé par les très belles illustrations aux couleurs vives de Coline Naujalis, Suzanne Valadon sans concession nous plonge dans le bouillonnement du Montmartre de la Belle Époque pour nous livrer le portrait attachant d’une pionnière qui a su imposer son style et son regard singuliers, imposer sa liberté d’artiste et de femme.

Anne Randon

Suzanne Valadon sans concession
Livre de Flore Mongin, illustré par Coline Naujalis.
Coédition Seghers/Arte
208 pages – 25€
Date de parution : 9 janvier 2025

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