Arthur H et Alfred partagent la même passion pour l’évasion intérieure, la rêverie féconde et la fuite du réel. Les deux amis nous invitent à les suivre dans une réflexion imagée sur la création et la liberté.

Alfred aime à pénétrer de nuit dans les théâtres abandonnés. Dans son carnet, il dessine ce qu’il y voit ou il y imagine. Derrière une porte close, il découvre un univers luxuriant et vivement coloré… C’est celui de son ami Arthur H. Si j’ai beaucoup aimé Jacques Higelin, ses exubérances et son énergie, je connaissais peu l’œuvre de son fils. Alfred m’a invité à rattraper cet oubli. J’ai passé une soirée inoubliable en leur compagnie.
Entre deux chansons, Arthur H et Alfred échangent sur la création. Le chanteur déclare : « S’ouvrir au présent et à l’inconnu, c’est là qu’est la vie, mon ami ! » Un crayon à la main, le dessinateur opine : « Depuis toujours, le dessin allège ce qui me pèse, ce qui m’encombre ne m’entraîne pas. » La musique et le dessin pourraient donc traduire les rêves et l’imagination. Bien maniés, ils sauraient interpréter, et donc pérenniser et partager, les rêveries des poètes. Ainsi, nous pourrions, nous aussi, en leur compagnie, voyager sans destination et sans but… C’est la promesse ce cet album enchanteur
La musique du premier répond au dessin du second. De son trait fin, libre et mutin, Alfred nous invite à découvrir l’univers labyrinthique du musicien à la voix râpeuse, entremêlant récits mélancoliques et voyages extrasensoriels. Il se garde de décrire son ami, de raconter sa vie ou son œuvre, mais l’accompagne gaiment dans ses rêveries. Il se laisse guider par les mots du poète, dans une rafale de fugues, d’escapades ou de voyages intérieurs.
Alfred pose des images sur des textes des chansons. Le lecteur est invité à y associer la musique d’Arthur H. Le voyage est fort plaisant et le dépaysement assuré. Vous y croiserez les ombres d’Higelin et de Jean-Louis Trintignant.
Le Baron noir et Cosmonaute père et fils réveillent l’extraordinaire Dans mon aéroplane blindé de son père. Par la seule force du dessin, des souvenirs lointains remontent en moi. Je ferme les yeux et aimerais, à mon tour, chanter, dessiner et rêver… Merci Alfred !
Stéphane de Boysson
La Solidité du rêve
Scénario : Arthur H
Dessins : Alfred
Éditeur : Casterman
128 pages – 18 €
Parution : 14 mai 2025
La Solidité du rêve — Extrait :
