Lou Reed – Metal Machine Music – l’anniversaire du monstre

Il y a cinquante ans, en juillet 1975, sortait l’un des albums les plus monstrueux qui soient, Metal Machine Music de Lou Reed. On s’écharpe toujours à son propos : canular ou audace visionnaire ? Une telle anomalie mérite bien qu’on y revienne, un demi-siècle plus tard !

Lou Reed 1975
Lou Reed en tournée promotionnelle pour Sally Can’t Dance – Radio de Cleveland 1975

Dans la course des disques improbables dans l’histoire du rock, Metal Machine Music explose la concurrence. Depuis sa sortie en juillet 1975, ce crash kamikaze continue à déconcerter son monde… Et pour cause… Lou Reed balança sans crier gare ce monstre qui surprit son public et énerva les critiques… et pas qu’un peu… RCA subit un nombre de retours considérable, y compris de la part de disquaires qui crurent à une erreur de pressage. Visiblement dérouté par ce seppuku noisy, le magazine Rolling Stone l’enterra aussitôt avec l’épitaphe du pire album crée par un humain, avec l’assurance de vider n’importe quelle pièce en un temps record ! La revue MusicHound lui infligea même sa fameuse note « Woof! », c’est-à-dire « nourriture pour chien » et donc « zéro » ! Devant un tel massacre, RCA retira le disque du circuit, quelques semaines seulement après sa parution ! Et sa sortie en Grande-Bretagne fut simplement annulée… En matière de suicide commercial, Metal Machine Music est un modèle du genre, un cauchemar de maison de disques. A l’occasion de son cinquantième anniversaire, Metal Machine Music bénéficie d’une nouvelle édition pour le Record Store Day, dans un cortège de blagues sur la toile, telles que “la meilleure voix de Lou”, « j’adore la 3ème piste », « Il y a des bonus ? », etc… Retour sur cette énigme qui intrigue toujours, car, somme toute, à lire les déclarations contradictoires et provocatrices de l’auteur du crime, il y a vraiment un loup…

MMM rectoAlerte ! La pochette est déjà une arnaque totale… Lou Reed parade en zombie rock du plus bel effet, vêtu de son cuir sauvage. Avec ses lunettes de soleil, ses cheveux blonds peroxydés, notre créature prend la pose avec un rien de morgue glamour. On imagine sans peine la tête du fan, encore ravagé par le live Rock’n’Roll Animal, devant ses enceintes suppliciées… Présenté comme « An Electronic Instrumental Composition : The Amine ß Ring », Metal Machine Music déroule en effet un manège sonore très étrange, voire insoutenable. Pendant trois faces de 16 minutes et une quatrième « infinie », un bruit lancinant tourne en rond dans un défilé de larsens et de stridences, avant d’agoniser dans une boucle éternelle étrillant les oreilles du dernier auditeur… encore en vie ? On peut y voir une tentative de rock conceptuel, désincarné et expérimental, soit. Mais c’est surtout très long et inaudible de prime abord. Du heavy metal ambient ? A l’écoute, ça pique même beaucoup, ça ressemble au canular idéal pour pourrir le voisinage, ou agrémenter une séance sado-masochiste. « La bande-son parfaite pour Massacre à la tronçonneuse » prétend son auteur, pourtant musicien affuté et fan d’Ornette Coleman, dont il adore la chanson Lonely Woman. Au final, Lou Reed nous laisse sans voix, fracassant le crâne du fan dans son mur de bruit. Pour tout dire, c’est quoi ce bordel ?

Lou-Reed-Metal-Machine-Music-inside-1324895158En 1975, Lou Reed se désole : il est encore très amer de l’échec de Berlin, l’opus plombant l’ambiance sans vergogne. Et le succès de Sally Can’t Dance, un disque qui s’est très bien vendu aux Etats-Unis, ne le console pas, bien au contraire : « C’est fantastique ! Plus je suis mauvais, plus ça se vend. Si je n’étais pas du tout sur l’album la prochaine fois, il serait probablement numéro un… Je déteste cet album. Sally Can’t Dance est ennuyeux. Imaginez-vous mettre votre nom dessus ? Me teindre les cheveux et tout ça ? C’est ce qu’ils voulaient, et ils l’ont eu. Sally Can’t Dance est entré dans le top 10 sans un seul single, et je me suis dit : Ah, quelle merde. » Et Lou Reed de prévenir alors le journaliste Nick Kent qu’il se passe toujours des choses bizarres, lorsqu’il s’ennuie. A l’époque, Lou Reed sympathise également avec Elliot Murphy qu’il invite dans son loft de Manhattan, pendant que l’ami Rachel se fait une beauté. Au milieu de nombreux amplis, l’animal lui parle de ses guitares, des pédales d’effet, des techniques d’enregistrement… ainsi que des coups bas du business… L’ex du Velvet est en effet très à cran avec RCA qui vient de sortir la deuxième partie du live mythique de 1973 (Rock’n’Roll Animal), histoire de remplir les coffres, sans lui demander son accord. Quant aux frangins Katz, le manager Dennis et le producteur Steve, ils ont de plus en plus de mal à gérer l’artiste junkie qui vrille souvent dans les cordes. De passage chez RCA, Elliott Murphy tomba un jour sur un Lou Reed totalement minable, à la ramasse dans une salle de réunion, juste après son arrestation à Long Island pour des affaires de drogues et de fausses ordonnances d’amphétamines. Lassés de sa consommation de dope, les Katz lui mettent alors un gros coup de pression en exigeant un nouvel album studio dans les plus brefs délais ! Son claviériste de l’époque, Michael Fonfara, assista à une réunion tendue avec Lou Reed, visiblement sur les nerfs, qui conclut ainsi l’entretien : « OK FUCK YOU ! »

MMM versoSuprême canular ! Les notes de la pochette livrent quelques secrets de fabrique avec des indications techniques et une liste de machines, telles que des amplis Marshall et Marantz, des appareils de distorsion – un Arbiter’s Jimi Hendrix – ou de modulation, sans le moindre synthétiseur pour finir. Fausse piste… On peut en réalité se brosser dans les grandes largeurs car Reed confie avoir pompé ces détails dans un magazine hifi : « J’ai inventé le matériel au dos de l’album… C’est du pipeau.“ La remarque ”Synthèse de composants dextrogyres de musiques sympathomimétiques » finit de dissiper tout malentendu à ce sujet : c’est clairement du foutage de gueule… Dans la foulée de ses réunions houleuses avec RCA, n’ayant visiblement pas envie de perdre son temps, du genre « Je leur file un album, c’est sûr… ». Bien vicieux, le musicien poussa simplement à fond sa guitare avec un feedback horrible, dans une pièce pleine de micros et d’amplis Marshall branchés en série, tous poussés au maximum, avant de se casser dare-dare… »Ça hurlait comme le diable. On a dû quitter la pièce » selon Fonfara, complice de l’installation. Lou récupéra l’enregistrement pour l’apporter à la maison de disque, coincée par son contrat… Son biographe Victor Bockris relate qu’il courut ensuite se planquer aux toilettes pour exploser de rire… Le premier retour de RCA fut un cri : « C’est une putain de musique de torture… » Des années plus tard, son camarade Robert Quine ne croyait toujours pas à la sincérité artistique de Metal Machine Music, qu’il considérait avant tout comme un doigt d’honneur au business, aux critiques et aux fans. Un geste très crâne… mais un disque bruyant et bâclé, du grand n’importe quoi, très en dessous de Sister Ray, une improvisation vraiment intelligente pour le coup, avant de conclure laconiquement : « J’ai passé environ une demi-heure à l’écouter, et je pense que c’est plus de temps qu’il n’y a consacré. »

Anatomie de la brute… Dans le double LP vinyle original, la dernière face ne cesse d’agoniser dans un sillon verrouillé en boucle par l’ingénieur Bob Ludwig. Avis aux amateurs, le vinyle de 75 permet donc l’écoute ad nauseam. En souvenir aussi d’Andy Warhol qui lui dit un jour : « Pourquoi un disque doit-il se terminer ? »… Parfois, on a quand même la réponse. Un premier indice sur l’origine de cette expérimentation bruitiste se trouve au dos de la pochette : « Drone cognizance and harmonic possibilities vis a vis Lamont Young’s Dream Music« . Souvenir des années Velvet en compagnie de John Cale donc, lorsqu’il découvrait l’expérimentation de pleine dissonance du Theatre of Eternal Music de Lamonte Young. En 1966, Le Gallois avait d’ailleurs sorti Loop, un drôle de titre sur un disque flexible distribué avec un magazine new yorkais, qui annonce furieusement Metal Machine Music… Dans une interview d’époque, Lou Reed cite aussi le compositeur Iannis Xenakis. Une première piste donc… Moins évident, Lou Reed évoque devant Lester Bangs, incrédule sur le coup, des emprunts à la musique classique, tels que de courts extraits des symphonies de Beethoven : « Le truc c’est qu’il faut vraiment écouter. Mais la plupart des gens s’arrêtent à la surface de ce qu’ils entendent, et ça me va »… Lou Reed affirme sans rire que RCA projetait de sortir le disque sous leur label classique Red Star, histoire de bazarder le monstre en toute discrétion, avant de renoncer à l’idée… C’est cela, oui… On ne se méfie jamais assez de ces fameux entretiens qui donnèrent tant de sueurs froides aux journalistes, lors de légendaires séances de tortures, Lou Reed n’étant jamais à court de blagues glaciales et de silences lourds… au point de se forger une réputation sinistre et de récolter de solides rancunes.

Malgré toute cette confusion, les notes de la pochette de Metal Machine Music annoncent pourtant la couleur : « Ce disque n’est pas fait pour les fêtes, la danse ou les romances. Personne dans mon entourage ne l’a écouté jusqu’au bout, y compris moi-même. Ce n’est pas le but recherché. La plupart d’entre vous n’aimeront pas ça, et je ne vous en veux pas du tout. Ce n’est pas fait pour vous. D’ailleurs, pour l’anecdote, je l’aime et je l’adore. Je suis désolé si cela vous rebute, mais pas spécialement. » Grand prince, Lou Reed se fait aussi spécialiste médical en prévenant d’éventuels effets indésirables (épilepsie, troubles psychiques…), en particulier pour les personnes hypertendues. Avant de signer son ouvrage par un arrogant – et célébrissime – « My week beats your year”… Pas question de débusquer d’ailleurs la vérité dans ses déclarations de l’époque, ce farceur froid étant alors plongé dans un cocktail détonnant de provoc, d’alcool et de speed, en particulier ces fameuses pilules de Desoxyn, capables de relancer un cœur à l’arrêt… Surtout que l’ami Lester Bangs, son principal protagoniste d’interview, patauge à l’occasion dans un état similaire. Le critique tient d’ailleurs Metal Machine Music comme un excellent remède à la gueule de bois matinale, parmi d’autres plaisanteries, ainsi que le plus grand disque jamais enregistré dans l’histoire du tympan humain !

Metal Machine Music s’impose d’abord comme un ravage nihiliste très perché. Afin de mieux déguster l’outrage, Lou Reed travailla avec Bob Ludwig sur une version quadriphonique, Ludwig évoquant à l’occasion un travail très professionnel. Manipulateur sans vergogne, Lou Reed s’amusa à présenter l’affaire comme un ENAURME doigt d’honneur, sans que cela change le son sensiblement de son propre aveu…: « Quand je suis allé aux studios RCA pour le montage en quad, j’ai dit au responsable des techniciens : « Quoi qu’il en soit, ne leur dites pas qu’on ne fait que lire la bande à l’envers. Ce ne sera pas assez technique pour eux. Inventez une raison compliquée et demandez-leur de le faire. »… Avec Metal Machine Music, Lou Reed se crashe frontalement dans le mur du business. Il perdit alors des milliers de dollars suite à ses procès perdus face à RCA. Bien mal en point, considéré comme has been, Lou se réfugie désormais à l’hôtel avec d’énormes galères de fric. Au creux de la vague, pas loin de couler à pic. Dans la foulée de l’album métallique, il partit ensuite en tournée qu’il acheva tant bien que mal en bout de course, annulant la plupart des derniers concerts en raison de « problèmes personnels »… Au Japon, où Metal Machine Music était très populaire selon Fonfara, « 10 000 personnes nous attendaient à l’aéroport » – les musiciens refirent le coup de l’album avec des feedbacks de guitares collées aux amplis, quittant même la scène désormais vide devant un public en délire avec “tous ces retours qui fusaient”… Le groupe renouvela l’expérience en Australie, avant que Lou ne se lasse de la plaisanterie. A prendre avec des pincettes d’ailleurs… Lors de son arrivée à Sydney, visiblement dans un état second, il pourrit un journaliste local qui l’interrogeait sur sa couleur de cheveux : « Are You Happy Being A Schmuck?… tu n’as aucune chance, tu creuses ta propre tombe… », un collector de ses relations avec les journalistes, un genre humain qu’il vitrifia sans vergogne tout au long de sa carrière… Acide.

Punk Lou ReedSans prévenir, Metal Machine Music annonce surtout la vague punk qui gronde déjà. Presque iconique, Lou Reed parait ainsi en hybride Frankenstein/Insecte sur la couverture du premier numéro de Punk, paru en janvier 1976. Dans ce magasine new yorkais, le chanteur accorde un entretien à l’humour dévastateur, sous forme de bande dessinée, déclarant bien aimer les Ramones et Television. La revue de John Holmstrom se fend d’ailleurs d’une page pour présenter Metal Machine Music comme un exercice téméraire et arrogant, une œuvre jugée difficile : « l’un des plus grands disques de tous les temps. Il a lancé tout le mouvement punk. Il a même failli détruire toute la carrière de Lou. Peut-on trouver plus punk que ça ? » Considéré comme le héraut de l’avant-garde, Lou Reed est alors comparé à Jean Genet et à William Burroughs, ce qui claque bien. En 1977, Lou Reed en rajoute une couche, lorsqu’il évoque son coup fumeux avec le journaliste Allan Jones, cette bombe qu’il comparait à la canette de soupe d’Andy Warhol. En vidant ses verres de Johnny Walker, il ricanait encore de cet os à ronger qu’il balança à RCA, le suicide de sa carrière. Ce « putain de bruit” impossible à passer en radio en dépit des efforts désespérés de la maison de disque pour la promo. Très content de lui, Lou parlait encore d’une farce atrocement drôle, un poison même : « C’est aussi le seul disque que je connaisse qui agresse l’auditeur. C’est du charabia, du début à la fin. La moitié est à l’envers. Ça te détruit. Tu n’arrives pas à aller au bout d’une seule pensée. Tu ne comprends même pas ce que ça te fait. Tu es littéralement obligé de retirer ce truc maudit. Tu ne peux pas contrôler ce disque. Tu dois aller où il va, ce qui est en gros… eh bien, qui sait ? Ça dépend de la météo (sic)… » Hein ?

Alors beaucoup de bruit pour rien ? Qui sera le dernier à rire dans l’affaire ? Le plus drôle dans l’histoire, c’est que Metal Machine Music connut une seconde vie au début du 21ème siècle, tout comme son auteur… Survivant à sa jeunesse de défonce, Lou Reed prit du recul sur sa carrière, portant un autre regard sur sa discographie. Une réécriture de l’histoire ? Il dénonça alors la légende d’un album sorti uniquement pour boucler un contrat avec RCA, revendiquant pleinement son disque pour « me débarrasser de tous ces connards qui débarquent et crient Vicious et Walk on the Wild Side. » On le croit sincère lorsqu’il avoue en quelques mots : « J’essayais de faire le solo de guitare ultime. Et je ne voulais pas m’enfermer dans une rythmique de batterie, ou une boucle, ou une tonalité particulière, ou un rythme, c’était ça l’idée. Juste des guitares, des guitares, des guitares. »

Preuve qu’il a de la suite dans les idées puisqu’il s’aventure de nouveau dans l’expérimentation, Lou Reed achève en 2003 l’album Raven avec l’instrumental Fire Music, un brin suffocant, pour évoquer les attentats du 11 septembre. Cette réplique numérique de Metal Machine Music ne peut renier sa filiation, mais qu’est-ce que ça cogne méchamment tout de même ! Plus troublant encore, son dernier album solo de 2007, Hudson River Meditations, livrant quatre instrumentaux, composés pour accompagner ses séances de Taï Chi, musique ambient de New Age. Le compagnon de Laurie Anderson dévoilait alors un univers planant, le pendant apaisé de Metal Machine Music, qu’il présentait comme un complément à la méditation et aux exercices corporels : « c’est aussi une musique de fond pour la vie. Je l’ai fait pour moi et, il s’avère qu’on peut l’utiliser pour plein de choses. Vous savez, je ne sais pas vraiment pourquoi ça marche, mais j’adore ça. »

Quant à Metal Machine Music, il y eut donc une suite … Au début des années 2000, Lou Reed fut contacté par le compositeur allemand Ulrich Krieger, passionné de musique expérimentale. Ce dernier exprima son intérêt pour la transcription de l’album afin de l’interpréter sur scène par un ensemble d’instruments acoustiques. D’abord très sceptique, Reed fut profondément impressionné par le travail de Krieger et de ses camarades : « Ils avaient les mélodies et les harmoniques, tout. J’étais stupéfait. » L’ensemble berlinois Zeitkratzer propose une version live de Metal Machine Music, jouée à de multiples reprises. A l’occasion, Lou Reed monta sur scène pour accompagner la performance à la guitare. Bref, il ne s’agit plus d’une plaisanterie puisque Lou Reed défend alors Metal Machine Music comme une démarche esthétique authentique. Dans les nouvelles notes de pochette de l’album de Zeitkratzer, il écrit même : « Il y a des mélodies partout, mais on ne les perçoit peut-être pas au premier abord. Ce n’était pas censé être une simple cacophonie… ce n’était pas juste une agression, une sorte d’attaque atonale, c’était plus complexe que ça. » Mieux encore, dans les dernières années de sa vie, Lou Reed participa à Metal Machine Trio, projet de noise rock expérimental et ambient avec les compositeurs Sarth Calhoun aux synthétiseurs et Ulrich Krieger au saxophone. A la guitare, Lou Reed s’aventure de nouveau en terre inconnue. Chaque concert promettait « une soirée de bruit profond », avec des guitares appuyées contre un mur d’amplis, pour débuter, avant d’improviser sur des vagues sonores très étranges, traversées par des instruments en errance dont un Gong bien tapé. « Pas de chansons. Pas de chant » comme l’annonçait un flyer new yorkais….

Metal Machine Music se prête donc à toutes les interprétations. S’agit-il d’une sale blague prise trop au sérieux par quelques poseurs en mal d’intellectualisme ? Au delà de l’outrage punk par essence, le geste crâneur d’un Lou Reed jamais à court sur ce point, cet album annonce l’air de rien la musique noisy et le rock industriel, rien que ça. Certains peuvent y voir une irruption sauvage dans la musique contemporaine, pour engendrer cet hybride électrique et démentiel dont on se demande quand même qui l’a écouté jusqu’au bout sans regarder sa montre. Incontournable surtout qu’il eut une postérité de Sonic Youth à Nine Inch Nails parmi d’autres ; tous doivent une dette considérable à ce monstre sonore. Le jeune Thurston Moore s’affiche en train d’écouter au casque sa copie avant de balancer plus tard Silver Session (For Jason Knuth), qui descend en droite ligne de Metal Machine Music, enregistré dans une salle saturée d’amplis et de guitares. La musique extrême du projet Merzbow de Masami Akita dérive quelquefois étrangement de Metal Machine Music comme Tauromachine, qui pique un peu quand même.

Il faut désormais prendre Metal Machine Music au sérieux, d’autant plus qu’il ne peut prétendre au titre du plus mauvais disque de Lou Reed, puisque le lourdingue Lulu, enregistré avec Metallica, tient clairement la place. Son dernier opus malheureusement… Il n’est pas donné à tout le monde de réussir sa sortie, à l’instar de son vieux compère Bowie. Dans la discographie du maître, Lulu est sans conteste à classer dans ses œuvres les plus pénibles et tapageuses, celles qui divisent encore. Après la mort de Lou, David Bowie dit à Laurie Anderson : « Écoute, c’est la plus grande œuvre de Lou. C’est son chef-d’œuvre. Attends, ce sera comme Berlin. Il faudra du temps à tout le monde pour rattraper son retard. » La route va être longue certainement… En tous cas, l’exemple de Metal Machine Music témoigne d’un tel changement de perspective au fil du temps. Quant à moi, je vais m’écouter de ce pas Coney Island Baby

ou

Amaury de Lauzanne

Metal Machine Music
Label : RCA
Date de sortie originale : juillet 2025

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