Révoltes et cruautés féodales : si la littérature contemporaine brode souvent sur la résilience, ce concept est rarement clairement illustré. Les auteurs nous offrent ici un récit captivant doté d’un graphisme épatant.

Meunier solide, travailleur et honnête, Jean est propriétaire de son moulin, ce qui fait de lui un notable respectable et respecté. Cela lui permet aussi de répondre à son baron, si ce n’est en égal, du moins en homme libre.
Nous sommes au Moyen-Âge, dans un petit village encore paisible. Le vieux seigneur du lieu est mort. Violent, Rolant, son fils cherche noise à son voisin. Il lève une compagnie de 40 villageois. Mal équipés et hâtivement formés, les malheureux sont contraints à l’obéissance. L’affrontement est aussi violent que bref. Ils sont vaincus, Jean s’oppose alors rudement à Thibaut. À son retour, il découvre son village incendié et sa femme et sa fille assassinées par des pillards.
Le scénario d’Aucha nous raconte l’histoire d’un homme courageux qui, brisé par l’injustice et la cruauté, va, après avoir adopté une jeune orpheline, très progressivement, recouvrer la force de revivre. Il vivra d’abord pour sa fille, puis pour lui. Joyeuse, naïve et bonne, Pivoine est particulièrement bien écrite.
On sent la volonté de l’auteure de nous présenter un très lointain passé de la façon la plus réaliste possible. Quelques pages, en fin d’album, viennent d’ailleurs nous présenter les traits principaux de la société médiévale. Si Rolant est méchant, et objectivement trop méchant, les autres personnages sont traités de manière plus subtile. Jean peut s’appuyer sur ses proches, qui forment une communauté plutôt solidaire, et, plus surprenant, sur la nouvelle baronne et sur son père.
L’atout principal reste graphique. Pour son premier album, Maxime Belloche livre un travail très séduisant. Son trait semi réaliste est original, tout à la fois précis et enlevé. Il gagne en précision au fil des pages. L’expressivité des visages est joliment soulignée par les chevelures et les barbes. Les décors et les animaux sont plaisants. Les scènes de batailles, plus difficiles, sont moins convaincantes. Bien que toujours douce, la coloration s’adapte à la tonalité générale des différents chapitres.
En nous immergeant dans un passé fort lointain, Le Temps des pivoines nous présente une société très différente de la nôtre, mais qui possède sa propre cohérente. Il nous rappelle aussi l’importance de la résistance à l’injustice.
Stéphane de Boysson
Le Temps des pivoines
Scénariste : Aucha
Dessinateur : Maxime Belloche
Éditeur : Glénat
160 pages – 25 €
Date de parution : 21 mai 2025
Le Temps des pivoines — Extrait :
