Avec ce nouveau roman, Claire Vesin nous replonge dans les années 80 et fait ressurgir les drames enfouis et les blessures collectives d’une époque. Entre enquête intime et chronique sociale, un récit où le mystère se mêle à la nostalgie.
Nous sommes au beau milieu des années 80, dans un lotissement de banlieue parisienne baptisé Mare-les-Champs, un quartier pavillonnaire construit sans doute dans les années 70, entouré de champs comme c’était souvent le cas alors. C’est le temps des walkmans vissés aux oreilles, des badges Touche pas à mon pote, du Top 50 à la télé. Une génération marquée par la disparition de Coluche et Balavoine, et inquiète face à la montée du Front National.
Dans ce décor en apparence paisible surviennent deux drames successifs : la disparition brutale d’une institutrice puis celle d’un garagiste. Pourquoi sont-ils morts ? Ces deux drames ont-ils un lien ? Autant questions qui intriguent le lecteur dès l’ouverture de ce récit choral signé Claire Vesin.
Après Blanches, paru en 2024 à la Manufacture de livres, l’autrice imagine une narratrice qui, trente ans plus tard, revient sur les lieux de son enfance pour comprendre comment ces tragédies ont pu se produire. Elle va à la rencontre des habitants pour éclaircir la mort de Suzanne, institutrice guadeloupéenne, et celle de François, artisan apparemment sans histoires retrouvé pendu peu après.
À travers cette enquête intime, Claire Vesin dessine une galerie de personnages, adultes et enfants, dans un texte où se mêlent enquête et chronique sociale, où elle s’attache, à travers mille détails, à reconstituer l’ambiance et le contexte social et politique de ces années 80.
Le texte se révèle bluffant dans sa construction précise et minutieuse. On navigue entre passé et présent, es blessures de l’adolescence refont surface, et les fantômes du passé n’ont pas livré tous leurs secrets.
Un livre plein de mystère et de nostalgie, où l’atmosphère, magnifiquement rendue, tient le lecteur en haleine. On y perçoit tout le talent de Claire Vesin, qui semble avoir puisé dans ses propres souvenirs pour donner vie à ce drame singulier, qui continue de hanter le lecteur même une fois le livre refermé.
Benoit RICHARD