« Baignades » de Andrée A. Michaud :  nuits d’enfer en forêt québécoise 

Baignades est un roman noir qui tient toutes ses promesses, transformant des vacances idylliques dans une « cabane au Canada » en cauchemar éveillé. Au cœur de paysages de carte postale, Andrée A. Michaud plonge le lecteur dans une atmosphère angoissante. Suspense haletant garanti, savamment saupoudré d’expressions québécoises !

Andrée A. Michaud
© Marianne Deschênes

Tout commence comme une parenthèse enchantée au bord d’un lac en été. Max, Laurence et leur petite Charlie viennent d’arriver au camping pour profiter de deux semaines de déconnexion en famille. Un incident avec le directeur du camping, puis avec un voisin de bungalow et tout s’emballe. Max décide de repartir en pleine nuit. Mal lui en a pris. De mauvaise décision en précipitation, l’engrenage est en marche. Commence alors une longue descente aux enfers pour la famille…

Andrée A. Michaud _baignadesQuatre années plus tard, dans la deuxième partie de Baignades, nous retrouvons certains des protagonistes. Andrée A. Michaud nous présente une famille unie, soudée, qui fête traditionnellement la Saint-Jean dans une maison sise au bord d’un lac. Tout paraît idyllique. Mais ce vernis de bonheur craquelle, il est fragile. Un petit choc et tout peut voler en éclat.

Andrée A. Michaud est une autrice québécoise reconnue pour ses romans noirs. Dans Baignades, elle dissèque à l’os comment des décisions irréfléchies conduisent à des gestes irréparables.

La première partie se veut très rapidement sombre et glaçante, un conte où ogre et gentil bûcheron se combattent pour sauver les innocents. L’écriture est urgente, les phrases s’enchaînent, l’angoisse nous étreint. Les plus vils instincts se réveillent dans un coup de folie. Andrée A. Michaud emprunte aux codes du thriller pour entraîner le lecteur au fond de la forêt dans la nuit noire.

La deuxième partie se veut solaire et débute dans un état de béatitude. Le soleil est au rendez-vous, le lac attend ses baigneurs. Madeleine et Gilbert reçoivent leurs trois enfants adultes et leurs familles. Les repas à l’ombre des arbres sont émaillés de fous rires et de mets délicieux. Si chacun a ses fêlures, il fait preuve de bonne humeur pour ne pas gâcher l’instant. Le feu de joie n’attend qu’à s’embraser.

Mais la tension est là, sous-jacente, dans les ruminations de Madeleine, dans le léger manque de spontanéité pour répondre à une question à première vue innocente. Madeleine, la matriarche, pressent le danger, elle le palpe, le repousse. Mais son instinct l’oppresse.

Crescendo, le malaise s’instille dans cette maison qui ressemblait jusqu’alors à un petit paradis. Le passé et ses traumas plane au-dessus de la famille. Les non-dits prennent toute la place. Il suffira d’un mot pour que tout dérape à nouveau. L’irréparable sera commis, c’est incontournable.

Andrée A. Michaud fait preuve d’une grande habilité pour nous entraîner dans les tréfonds de l’âme humaine et dans ses surprenants sursauts.

Il ne faut pas trop en dévoiler. Laissez l’intrigue de Baignades vous happer…

Caroline Martin

Baignades
Roman de Andrée A. Michaud
Editeur : Rivages – collection Rivages/Noir
240 pages, 21 euros
Date de parution : 20 août 2025

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